Le roi du Maroc en colère après les déclarations d’El-Othmani sur l’Algérie
Par Karim B. – «Impair», «bourde», «déclaration non officielle», «série d’erreurs». Les médias de Mohammed VI crient à l’unisson au «dérapage diplomatique» du chef du gouvernement, Saâdeddine El-Othmani, suite à sa déclaration sur l’Algérie.
«El-Othmani a commis un impair diplomatique en s’exprimant sur les événements qui secouent l’Algérie, alors que la position officielle du royaume est la non-ingérence», lit-on dans ces médias qui semblent reprendre une apostrophe du Palais à l’adresse du secrétaire général du parti islamiste au pouvoir, le PJD.
«Saâdeddine El-Othmani a commis une gaffe diplomatique qui n’est pas digne d’un chef de gouvernement», dénonce un journal marocain, estimant que ces propos tenus lors d’un déjeuner avec des journalistes «sont en déphasage avec la position officielle du pays», exprimée par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui «n’a de cesse de répéter que le royaume du Maroc a décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie et s’est abstenu de tout commentaire à ce sujet».
Le Makhzen, extrêmement gêné par cet appel du pied d’El-Othmani qui semble avoir été interprété comme une «supplique» à l’endroit du voisin de l’Est, tente de rectifier le tir en faisant dire au porte-parole du gouvernement, via l’agence officielle marocaine MAP, que «le chef du gouvernement n’a fait aucune déclaration officielle sur l’Algérie voisine et n’a exprimé aucune position du gouvernement marocain».
Saâdeddine El-Othmani est lâché par le Palais et lynché par ses médias pour avoir affirmé maladroitement qu’«avec la nouvelle équipe dirigeante de l’Algérie voisine, nous espérons au moins trouver avec elle des solutions et qu’elle n’adoptera pas la même attitude hostile à l’égard du Maroc», avant d’ajouter que «les relations avec le pays voisin ne seront pas pires qu’avant le renversement du régime d’Abdelaziz Bouteflika» et que «les anciens dirigeants de l’Algérie étaient très hostiles à l’égard du Maroc».
«Le chef du gouvernement n’a lancé aucun appel mais a formulé un souhait pour l’ouverture des frontières entre les deux pays, et ce dans une discussion en privé», rectifie un ministre marocain, dans ce qui s’apparente à une mise au point qui pourrait coûter son poste au chef du gouvernement qui «n’en est pas à sa première bourde diplomatique». D’autres médias rappellent une autre «gaffe» d’El-Othmani qui, après sa nomination en tant que ministre des Affaires étrangères en janvier 2012, «décidait, sur une initiative personnelle, de réserver son premier voyage à l’étranger à l’Algérie» et «proposait à son homologue [algérien] de tenir une réunion tous les six mois au niveau des ministres des Affaires étrangères». «Des propositions snobées par la partie algérienne», commentent les médias du Makhzen.
Ce nouvel épisode dans les relations mouvementées entre l’Algérie et le Maroc démontre que le dégel n’est pas pour demain et que, surtout, la crise politique algérienne donne des sueurs froides au régime de Rabat qui suit les événements avec une certaine crispation.
K. B.
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