Le chef d’état-major lève le doute : «Je n’ai aucune ambition politique»
Par Kamel M. – Le général Ahmed Gaïd-Salah a levé l’équivoque. «Je n’ai aucune ambition politique», a-t-il déclaré, ce mercredi, évacuant de fait et définitivement toute possibilité qu’il brigue la magistrature suprême.
Le chef d’état-major de l’ANP répond ainsi à ceux qui l’accusent de chercher à pousser au pourrissement pour prendre le pouvoir à la Sissi. En effet, la persistance du patron de l’armée à vouloir organiser les élections présidentielles à leur date échue, soit le 4 juillet, tel qu’annoncée par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a fait dire à de nombreux observateurs que le vice-ministre de la Défense nationale se verrait contraint, face au large boycott que les citoyens promettent aux décideurs actuels, de décréter l’état d’exception et de prendre les choses en main en attendant le rétablissement du processus électoral.
Tout en refusant de s’écarter de la Constitution, Ahmed Gaïd-Salah semble répondre aux revendications des manifestants au cas par cas, tout en laissant entendre que l’armée n’accepterait aucun débordement qui serait provoqué par des «infiltrés» qu’il ne cesse de mettre en garde dans ses discours au vitriol.
En rassurant l’opinion publique sur ses intentions, le chef d’état-major de l’ANP neutralise aussi ses détracteurs qui, au travers de slogans brandis lors des manifestations de vendredi, le montrent comme étant mu par une soif de pouvoir, voire une volonté de mener une contre-révolution pour sauvegarder l’ancien système en changeant les visages mais en gardant les fondements.
Beaucoup s’interrogent sur les appels répétés du chef de l’armée à l’endroit de la justice pour qu’elle accélère le traitement des dossiers de la corruption et à l’adresse des autorités politiques pour qu’elles mettent en place rapidement les mécanismes visant à organiser l’élection présidentielle sans plus attendre. Des appels perçus comme des injonctions de l’armée, tandis que Gaïd-Salah se défend de vouloir se substituer aux autorités judiciaires et politiques compétentes conformément à la Loi fondamentale.
De mises au point en clarifications, le chef d’état-major veut rassurer quant au rôle de l’armée dans la gestion de la crise actuelle, tout en promettant que celle-ci ne sortirait pas du cadre constitutionnel. Mais le temps presse et l’absence de perspective politique à court terme pourrait bien, pourtant, pousser l’institution militaire à aller au-delà de son statut de garant de la sécurité du pays et s’impliquer malgré elle directement dans la sphère politique.
K. M.
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