La lobbyiste pro-Makhzen Rachida Dati, Renault Algérie et l’affaire Ghosn
Par Houari A. – L’arrestation du PDG de Renault, le Franco-libanais Carlos Ghosn, au Japon, éclabousse à nouveau la lobbyiste pro-Makhzen Rachida Dati et relance la polémique sur son rôle dans l’implantation de l’usine de la marque au losange en Algérie.
Les médias français indiquent qu’une enquête a été ouverte par le parquet financier concernant les contrats avec Renault-Nissan de Rachida Dati qui intervenait en tant que «collaboratrice extérieure» entre 2010 et 2013, soit au moment où les discussions étaient en cours entre le constructeur français et le gouvernement algérien.
Si l’office anticorruption français s’intéresse désormais de très près au contrat de l’ancienne ministre de la Justice sous Nicolas Sarkozy en Algérie, les procès en cascade d’anciens membres du gouvernement pourraient également révéler l’existence d’irrégularités dans l’octroi de l’agrément à la marque française pour s’installer à Oued-Tlilet, dans l’ouest du pays. Il n’est pas exclu que l’eurodéputée française y ait joué un rôle majeur.
On apprend que Rachida Dati a perçu 2 millions d’euros d’honoraires auprès du groupe Renault, vraisemblablement pour ses actions de lobbying, «la réalité des travaux» en tant que consultante auprès du fabricant français n’ayant «jamais été démontrée», selon la plainte du japonais Nissan.
En février dernier, le scandale de la rémunération astronomique – on parle de 600 000 euros entre 2009 et 2014 – touchée par Rachida Dati auprès du constructeur automobile Renault éclatait au grand jour, suscitant, par là même, des interrogations sur le rôle qu’elle aurait pu jouer dans l’implantation de la marque française en Algérie.
La Franco-marocaine s’était rendue en Algérie en décembre 2010. Trois mois plus tard, soit le 20 mars 2011, le directeur général de Renault Algérie, Stéphane Galoustian, annonçait que «les négociations avec les autorités algériennes pour la mise en place en Algérie d’une usine de fabrication de véhicules de son groupe se poursuivent».
Des voix s’étaient élevées à l’époque pour dénoncer le volume insignifiant de véhicules produits en Algérie par Renault, comparativement aux investissements gigantesques consentis par le constructeur français au Maroc voisin, en dépit de la taille du marché algérien autrement plus grande. D’autres dénonçaient carrément un favoritisme accordé aux Français au détriment d’autres nationalités qui, pourtant, avaient exprimé leur souhait de construire des usines de montage en Algérie, en promettant une production beaucoup plus importante et en envisageant même d’exporter vers l’Afrique dès les premières années.
Selon des indiscrétions, l’arrogant PDG de Renault, Carlos Ghosn, se targuait dans ses discours lors de ses réunions au sujet de l’Algérie que la marque qu’il dirigeait s’implanterait dans notre pays «quand [il l’aura] décidé» et «à [ses] conditions».
H. A.
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