Pourquoi le Tunisien Moncef Marzouki règle ses comptes avec Bouteflika
Par Kamel M. – Les médias marocains n’ont pas raté l’occasion que leur a offerte l’ancien président tunisien Moncef Marzouki. Son appel à la réouverture de la frontière avec le Maroc a été applaudi des deux mains à Rabat où les propos de l’ancien locataire du palais de Carthage sont considérés comme étant «en phase avec les déclarations d’El-Othmani (le Premier ministre marocain, ndlr) de la semaine dernière». «Moncef Marzouki parie beaucoup sur le hirak en Algérie pour une réouverture des frontières avec le Maroc et une relance du projet maghrébin», commente-t-on, sur un ton jubilatoire, chez nos voisins de l’Ouest.
Mais, dans leur euphorie, les médias marocains font une révélation de taille. Ils expliquent pourquoi Moncef Marzouki qui, pourtant, ne tarissait pas d’éloges sur l’Algérie – la «grande sœur», comme il aimait à le répéter –, dont le soutien à la Tunisie exsangue sous son règne éphémère a sauvé ce pays de la faillite, en veut à mort à Abdelaziz Bouteflika qui lui aurait tourné le dos et aurait soutenu son rival, Béji Caïd Essebsi. Il y fait allusion en accusant le président démissionnaire d’avoir «téléguidé» une «contre-révolution» à partir d’Alger. «Peu de Tunisiens savent à quel point le régime algérien déchu a contribué à la victoire de la contre-révolution en 2014», ressasse Moncef Marzouki.
Les médias marocains explicitent la pensée de l’allié invétéré du Makhzen, estimant que ce dernier «fait allusion aux nouvelles ayant circulé il y a cinq années faisant état d’un éventuel soutien financier de Bouteflika à son adversaire, Béji Caïd Essebsi, lors de l’élection présidentielle de décembre 2014». Les médias marocains confirment, par là même, la collusion entre l’ancien président tunisien et le roi du Maroc, en affirmant que Bouteflika «ne voyait guère d’un bon œil la proximité entre Moncef Marzouki et le roi Mohammed VI», en justifiant cette «animosité» algérienne par le fait que Moncef Marzouki eût «réservé son premier voyage officiel au Maroc» en 2012 et qu’«une semaine auparavant, à Addis-Abeba, il plaidait pour un retour du Maroc à l’Union africaine».
On comprend mieux l’engouement de Moncef Marzouki qui exulte depuis la chute de son «ennemi» à Alger et chérit l’espoir que le nouvel establishment qui naîtra du hirak algérien revoie sa copie et l’aide, sans doute, à reconquérir le pouvoir dont Bouteflika l’a «privé».
K. M.
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