Pourquoi Benbitour refuse la polémique sur l’interdiction de sa conférence
Par R. Mahmoudi – Révélée par le président du MSP, Abdarrazak Mokri, dans un message posté sur sa page Facebook, l’interdiction d’une conférence prévue, jeudi, avec Ahmed Benbitour à la bibliothèque publique de M’sila, où il a été invité par un collectif d’universitaires, a été perçue comme un signe de durcissement des autorités contre les animateurs du mouvement de contestation, en général, qui n’augure rien de bon.
Mokri lui-même a écrit, dans son alerte, que l’interdiction de la conférence programmée par les universitaires de M’sila «est la preuve que le changement pour lequel le peuple algérien est sorti dans la rue ne s’est pas réalisé dans ses plus simples aspects, et que le système politique a toujours peur des conférences».
Réagissant aux commentaires qui foisonnaient sur les réseaux sociaux quant à cette entrave à la liberté d’expression et d’organisation contre une personnalité emblématique du changement démocratique en Algérie, Ahmed Benbitour a confirmé le fait révélé par Abdarrazak Mokri et repris par la presse mais ne veut pas en faire une maladie, et semble même gêné d’en parler.
«Des enseignants de l’université de M’sila, confie Benbitour au quotidien arabe Al-Charq Al-Awsat, m’avaient invité à animer une conférence sur la situation qui prévaut actuellement dans le pays (…). La conférence était programmée pour hier (jeudi) mais les organisateurs m’ont contacté pour m’informer que le wali s’y est opposé, arguant que la bibliothèque était réservée à une autre activité.» Et de poursuivre : «Je ne veux y donner aucune explication, ni aucune interprétation mais les enseignants considéraient qu’il s’agissait d’une attitude politique de la part du wali», résume l’ex-Premier ministre.
Si cette pondération dans la réaction d’Ahmed Benbitour s’expliquait d’abord par le tempérament de l’homme, connu pour être peu enclin aux polémiques et aux diatribes politiques, la place d’interlocuteur privilégiée qu’il occupe à l’heure actuelle sur la scène politique – et qu’il a acquise par sa présence, la qualité de ses interventions et son discours rassembleur – l’aurait certainement commandé d’être encore plus vigilant et de s’interdire toute confrontation infructueuse avec le pouvoir.
R. M.
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