Etranges révélations de Mokri sur le déclenchement des manifestations
Par R. Mahmoudi – Prétention ou aveu, le président du MSP, Abdarrazak Mokri, a déclaré, samedi, que la direction de son parti «savait de source sûre que les Algériens allaient sortir dans la rue le 22 février dernier». Il ne dit pas, toutefois, par quel moyen, ni à quel moment, les dirigeants du MSP en avaient l’information. A supposer que cette information soit vraie, on se demande aussi pourquoi lui ou d’autres membres de la direction de son parti n’auraient pas choisi de la partager en temps réel.
Intervenant lors d’une cérémonie d’iftar à Constantine, Mokri a expliqué que le soulèvement des Algériens était «prévisible» et que son parti avait donné des instructions à ses militants et à ses dirigeants de prendre part au mouvement de contestation, «sans toutefois en prendre la tête, ni s’en démarquer», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «Nous avons dit à nos militants de ne pas diriger le mouvement mais de l’accompagner et de conseiller aux gens d’être pacifiques car s’il avait été dirigé par un parti quelconque, il aurait été alors facile de briser ce mouvement populaire en l’accusant d’être à la solde de tel courant ou tel autre qui chercherait à le politiser et, par-là, à le récupérer.»
Cette «confession» d’Abdarrazak Mokri vient démontrer que son parti a, indirectement, tenté d’infiltrer le mouvement citoyen, en croyant avoir appliqué la méthode la plus efficace pour ce faire, qui est celle d’une présence discrète, dans un sens où une présence visible aurait été, selon lui, infructueuse. Or, on se souvient que Mokri avait lui-même pris part aux premières manifestations, en se faisant filmer par ses partisans et en essayant, à l’instar des autres leaders politiques, d’échanger avec des citoyens, comme dans une campagne électorale. Il ne cessera ses exhibitions que lorsque les manifestants ont commencé à chasser, une à une, les figures politiques.
R. M.
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