L’armée va-t-elle exclure les partis politiques du dialogue national ?
Par R. Mahmoudi – Dans son discours prononcé mardi à Tamanrasset, le chef d’état-major de l’ANP a fait montre d’un esprit d’ouverture qui tranchait nettement avec les sermons habituels et le ton toujours martial qui imprégnait ses adresses. Il a, pour la première fois, osé appeler ouvertement au dialogue, qu’il décrit comme l’«unique voie» ou comme la «bouée de sauvetage» pour sortir de l’impasse actuelle. D’aucuns y ont vu un premier pas vers une solution politique à la crise, quand bien même le général Gaïd-Salah se dit plus que jamais attaché au processus électoral, en mettant de nouveau en garde contre les risques d’une transition prolongée.
Cela dit, le plus curieux dans son appel au dialogue est qu’il n’a, à aucun moment, évoqué les partis politiques. Il s’est exclusivement adressé aux «personnalités» et aux «élites nationales». Des notions qui restent aussi larges que vagues. Or, dans une situation normale ou même de crise, les premiers interlocuteurs de tout pouvoir sont les formations politiques. A moins que, dans sa façon de voir les choses, la participation des différents partis doive être réduite à leurs seuls dirigeants. Ce qu’il aurait bien pu préciser.
Ce qui conforte encore davantage cette tendance chez le chef d’état-major de refuser d’associer les partis politiques, c’est lorsqu’il dira : «Aujourd’hui, l’Algérie est dans l’attente de tout effort sincère et dévoué de la part de ses enfants, notamment les personnalités nationales, qui ont une capacité réelle à apporter la contribution judicieuse de façon à trouver les solutions escomptées.»
L’institution militaire a indirectement reproché aux partis d’encourager des «débats stériles» et de chercher à récupérer le mouvement citoyen, en essayant de l’infiltrer et d’y introduire des slogans «irraisonnables». Elle sait, par ailleurs, qu’une présence massive des anciens partis de l’alliance présidentielle au dialogue préconisé ne pourrait que le discréditer aux yeux de l’opinion publique. Autant donc les rejeter tous…
R. M.
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