Exclusif – Extraits du livre du général Nezzar sur Abdelaziz Bouteflika (I)

président général
Abdelaziz Bouteflika. New Press

Algeriepatriotique publie les bonnes feuilles du livre du général Khaled Nezzar intitulé Bouteflika, la faillite annoncée. L’ouvrage avait été édité une première fois en 2003, soit avant la fin du premier mandat d’Abdelaziz Bouteflika, sous le titre Bouteflika, un mandat pour rien. Mais les services secrets avaient acheté la quasi-totalité des exemplaires pour empêcher qu’ils parviennent à l’opinion publique. Le livre paraîtra dans les tout prochains jours.

«Bien avant que Bouteflika ne fût pressenti pour exercer la magistrature suprême, il avait émis le vœu d’être reçu par moi. C’était vers la fin de l’année 1992, moment où, membre du Haut Comité d’Etat, j’occupais encore le poste de ministre de la Défense.

J’ai accepté de le recevoir sans hésiter, d’autant qu’il s’agissait d’un compagnon de Houari Boumediene. Je fis de mon mieux pour lui expliquer les tenants et les aboutissants des décisions prises depuis janvier 1992 et lui donnai un aperçu général de la situation dans laquelle se débattait le pays. Je n’ai pas pensé un seul instant qu’un jour, très prochainement, il pourrait être en réserve de la République. Il dira à Larbi Belkheir, qui me rapporta le propos : ‘’Je n’ai jamais rencontré avant ce jour Si Khaled, mais il m’a appris en deux heures ce que tu ne m’as jamais fait, toi, depuis ta prise de fonctions auprès de Chadli, alors que tu te prétends mon ami !’’ Au moment de nous séparer, Bouteflika me dit : ‘’Khaled, je n’ai pas d’arme pour ma protection.’’ Je lui offris mon propre pistolet, un 9 mm chromé, cadeau d’une délégation égyptienne.

Bouteflika m’avait laissé l’impression d’un homme avenant et disert, sachant écouter et sachant poser les bonnes questions. Certains n’ont pas manqué de dire : ‘’Mais pourquoi donc devra-t-on toujours proposer des personnes prises dans le même «panier à crabes ?’’ Les déboires du pays n’ont-ils pas été provoqués par le pouvoir absolu de leaders ou romantiques ou autistes ou incompétents ou malades, etc. ?»

Comment faire ? Pouvait-on aller vers des élections ouvertes à un moment où les surenchères politiciennes et le bouillonnement de la société étaient à leur comble ? Le système politique algérien est ainsi fait. Il est présidentiel. Ce n’est pas à l’armée de le réformer. Pouvait-on imposer, par un diktat militaire, un changement de la Constitution ? Cette Constitution qui donne autant de pouvoir à un seul homme, lequel peut, une fois au pouvoir, se révéler différent de sa première apparence ? Conscients des dangers et des enjeux, nous avons opté pour le personnage dont le profil paraissait répondre le mieux à ce que le pays attendait : le rebond économique, la déconfiture définitive de la violence intégriste et la mise en œuvre rapide d’un train de réformes.

Pour la majorité de ceux qui ont applaudi à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, il était évident que cet homme, qui avait évolué à l’intérieur du régime qui avait dirigé l’Algérie d’une façon dictatoriale, peut-être, mais dans le but de l’amener à la modernité et au progrès, ne pouvait pas avoir d’autre vision que celle définie par les textes fondamentaux du mouvement national.

Sur le plan extérieur, l’Algérie avait besoin d’un diplomate habile, familier des grands de ce monde et des hémicycles internationaux afin de redynamiser l’entreprise diplomatique en butte à l’hostilité et à la désinformation.

Certains ont bien voulu mettre à son seul actif les grands succès diplomatiques des années 1960 et 1970 alors qu’ils n’étaient que l’hommage du monde rendu à un grand peuple pour ses sacrifices. Et ils ont volontairement – et trop généreusement – oublié qu’il avait, lui, apporté, dans le plein exercice de sa ‘’diplomatie’’, l’arrogance du donneur de leçons et l’impolitesse du pédant, qui nous feront tant de torts à l’heure du repli.»

 

Comment (21)

    Lghoul
    1 juin 2019 - 7 h 08 min

    Tout a fait d’accord ya Zaatar. En effet, tout ce qu’il fait est synonyme de recyclage des memes vautours. La preuve: Apparemment ils le « soutiennent » pour le dialogue comme s’ils etaient les victimes. Premiere question du peuple: Ou est normalement la place de Gaid Salah ? Dans une caserne ou dans un bureau ? Il est en train d’accumuler 20 portefeuils a 80 ans. Il est meme devenu le juge et l’avocat.

    Digage!
    31 mai 2019 - 19 h 58 min

    Moi qui croyais que nos présidents sont élus par le peuple. On a bien eu un jour férié pour aller voter. Des surveillants. Des papiers. Des enveloppes. Des sandwich et gazouz. Tout ça pour rien. Le président a deja eu plusieurs entretiens d’embauche et il a déjà été recruté à l’insu de notre vote.
    Pas de doute nous sommes bien dans une République Démocratique et Populaire.
    Ça a toujours été ainsi et l’Armée ne veut pas changer les bonnes habitudes.

    Lghoul
    31 mai 2019 - 14 h 45 min

    Le dernier paragraphe résume tout:
    « Certains ont bien voulu mettre à son seul actif les grands succès diplomatiques des années 1960 et 1970 alors qu’ils n’étaient que l’hommage du monde rendu à un grand peuple pour ses sacrifices. Et ils ont volontairement – et trop généreusement – oublié qu’il avait, lui, apporté, dans le plein exercice de sa ‘’diplomatie’’, l’arrogance du donneur de leçons et l’impolitesse du pédant, qui nous feront tant de torts à l’heure du repli.»
    —————————————————————————————
    Et surtout quand il disparaissait a paris et new york pour des mois …
    On a eu quelqu’un qu a voulu se venger du peuple et il l’a fait des son installation, apres avoir retiré sa main du Coran pour « prêter serment devant le livre saint ». On a reçu deux bonnes leçons: 1/ Comment les gens se moquent de la religion et l’utilisent pour arriver a leurs fins et 2/ Comment il a PUNI le peuple algérien en institutionalisant la corruption a grande échelle pour le rendre pauvre et, pour s’assurer que le peuple sera en gueunilles, il a tout fait pour chasser les gens compétents et les remplacer par des ignorants, des charlatans, des improvisateurs et surtout par des idôlatreurs de tableaux en bois. Et aujourd’hui les gens du FLN et du RND OSENT encore montrer leurs faces de vatours, d’hyènes innassouvies et de chiyates pour se faire oublier et prendre le devant !!! Qui fera confiance a des gens pareils ? Qui supportera de les voir encore les entendre nous « faire des déclarations » ? Qui croira les synonymes de la honte, de la ruse et du mensonge ? Plus personne.

      Zaatar
      1 juin 2019 - 3 h 16 min

      @Lghoul,
      Qui supportera de les voir encore et de les entendre ces vautours pareils? Tu dis plus personne? Erreur l’ami, il y en a au moins un qui les défend becs et ongles devant rabi wa 3badou….c’est Gaid Salah. Ou bien je me trompe?

    Anonyme
    31 mai 2019 - 12 h 18 min

    Lorsque c’est le présent qui pose problème sur son propre devenir, alors il importe de jeter un regard sur son passé.

    Je note et commente le passage suivant :

    « Bien que Bouteflika ne fût pressenti pour exercer la magistrature suprême, il avait émis le vœu d’être reçu par moi. C’était vers la fin de l’année 1992 »

    L’année 1992, en la synthétisant au mieux, nous avons grosso modo les événements suivants :

    Manifestation du FFS à l’appel de Hocine Aït Ahmed au tout début de l’année pour tenter de mobiliser les abstentionnistes qui ont ‘participer’ massivement au délitement de la situation par leur laisser faire, suivi d’une dissolution de l’Assemblée puis de la démission de Chadli Bendjedid qui fait annuler les élections ;

    Il y avait ensuite le haut conseil de sécurité qui constate l’impossibilité de poursuivre le processus électoral puis la création du haut comité d’Etat pour assurer le pouvoir présidentiel jusqu’à décembre 1993, avec le retour de Mohamed Boudiaf ;

    Il y avait aussi ce responsable français du renseignement, Claude Silberzahn, chargé par un François Mitterrand qui se sait atteint par un cancer de la prostate –il sera hospitalisé au Val-de-Grâce en septembre- de faire l’édifiante déclaration suivante : « Notre pays doit envisager avec lucidité l’arrivée du FIS aux commandes du pays. Et dès aujourd’hui, tout faire pour ne pas diaboliser le pouvoir islamique qui se mettra en place, envisager les signes qui conviennent pour montrer sa volonté de collaborer étroitement avec l’Algérie quel que soit le choix démocratique de son peuple » ;

    Avant que le Front islamique du salut n’explose sous l’effet conjugué de la manipulation externe et de sa propre fulgurance… ;

    C’est dans ce même cours des choses, dans les mêmes eaux troubles, que la république démocratique d’Afghanistan est remplacée par l’Etat islamique d’Afghanistan, le premier ancêtre de Daesh, avec la sanctification de la reconversion par des officiers du service français dépêchés spécialement par François Mitterrand pour apporter son soutien décisif aux djihadistes qui combattent l’armée soviétique. C’est presque dans les livres d’histoire ;

    Un François Mitterrand qui fait entrer Bernard Tapie la même année au gouvernement français avec tout le tintamarre que les anciens connaissent ;

    Il y avait aussi cette année, sans oublier, la rencontre du Bilderberg à Evian autour des discussions de cape et d’épée sur l’après union soviétique ;

    L’assassinat de Mohamed Boudiaf ;

    Création des groupes islamiques armés ;

    Le retentissant attentat de l’aéroport d’Alger, etc, etc ;

    Et j’en passe et des plus sombres pour dire que 1992 est l’année clé par laquelle Abdelaziz Bouteflika s’est frayé le passage par le trou de souris, pour s’incrusté au pouvoir en Algérie sur deux décennies.

    C’est avec votre 9 mm chromé, Monsieur Nezzar, que les imposteurs -pour ne pas oublier Larbi Belkhir- ont réussi, d’une certaine façon, à allumer le feu de la décennie noire. Et le crime était presque parfait…

      MELLO
      31 mai 2019 - 19 h 18 min

      Sublime analyse d’une periode prohibee par l’histoire. Cette histoire qui retiendra que le Parti islamiste n’avait obtenu que 12 % de voix de l’electorat. La magie de la loi electorale “ pondu” par les tenants du pouvoir offra une majorite a cette minorite. La majorite des Algeriens ne se sont pas donnes la peine d’ exprimer leur choix.

    MELLO
    31 mai 2019 - 8 h 31 min

    Au final , un mauvais choix , puisqu’il s’est retoune’ contre l’armee et ses services de securite. Pourtant, des hommes de plus grandes envergures , comme HOcine Ait Ahmed , Ahmed Taleb Ibrahimi, Mokdad Sifi et Mouloud Hamrouche s’etaient portes candidats a la magistrature , mais le jeu malsain de l’armee a fait que ces candidats se soient retires. Vingt ans apres , une erreur de casting a ete faite et c’est le peuple , veritable acteur de choix, qui a mis fin au cauchemar. Bouteflika a use et abuse de la manne petroliere pour acheter sa paix : paix sociale et paix militaire.

    Chaikh
    31 mai 2019 - 5 h 00 min

    Alors publiez-nous un extrait de l’autre livre  » Le Sultanat de Bouteflika »

      Benz
      31 mai 2019 - 12 h 54 min

      Je crois qu´il s´agit du meme livre. En tous les cas l´extrait que publie A.P se trouve à la page 19 du « Sultanat de Bouteflika », sous le paragraphe intitulé: La journée des dupes, manœuvres et psychodrames. Le titre du livre diffère selon qu´il est édité en Algérie (Bouteflika, un mandat pour rien) ou à l´étranger (Le sultanat de Bouteflika).

    SaidZ
    31 mai 2019 - 4 h 25 min

    Tous les malheurs qui nous arrivent viennent de l’armée dès lors qu’elle a commencée à jouer hors de son champ de prédilection. Je tiens tout de même à lui rendre hommage sur son rôle important et infaillible au niveau de la protection du territoire nationale. Quant à boutef, eh bien, il ne méritait pas à y accéder au palais présidentiel vu son passé sombre bien qu’il fût un bon parleur.

    Anonyme
    31 mai 2019 - 3 h 19 min

    Tout le malheur de l’Algerie est dans l’immiction De l’armée Dans la chose politique…On voulait sauver les meubles des tenants du pouvoir en jouant à la roulette russe…un président … qui vingt ans plus tard a presque achevé l’Algerie…

    AmmiMourad
    31 mai 2019 - 3 h 19 min

    Tout le malheur de l’Algerie est dans l’immiction De l’armée Dans la chose politique…On voulait sauver les meubles des tenants du pouvoir en jouant à la roulette russe…un président … qui vingt ans plus tard a presque achevé l’Algerie…

    Zaatar
    31 mai 2019 - 3 h 16 min

    Abstraction faite de ce que voudrait apporter ce livre a propos de l’ex président et de ses visées pressenties, il nous confirme avec fracas comment l’ANP fait et défait les présidents Algériens de 62 à aujourd’hui. Il nous renseigne par la même par une translation linéaire et temporelle sur la façon qui doit certainement s’ériger en ce moment pour mettre en place une nouvelle marionnette sur le trône de président. Je lirai volontiers ce livre.

    ANONYMAT
    31 mai 2019 - 0 h 59 min

    Mr NEZZAR….VOUS ET VOS COMPAGNONS MILITAIRES ONT MISE BEAUCOUP SUR Mr BOUTEFLIKA POUR DEUX RAISONS ESSENTIELLES:
    -AVOIR QUELQU UN QUI PEUT LEVER L’EMBARGO INTERNATIONAL SUR LE PAYS QUI SE CONFIRMAIT DEPUIS 1994…ET ASSURER UNE CERTAINE IMAGE DE LA CLASSE DIRIGEANTE DE L’EPOQUE QUI RISQUAIT DES POURSUITES A L’INTERNATIONAL…SURTOUT APRES LA DECONFITURE DE Mr ZEROUAL A L ONU AVEC JACQUES CHIRAC ET L AFFAIRE DES MOINES..DES MASSACRES…etc….

      Algerien Pur Et Dur
      31 mai 2019 - 5 h 32 min

      Deconfiture de Zeroual avec Chirac? Mais tu dois etre en train de fumer un drole de petard. D’ou tiens tu tes informations? Apparement de la presse israelo-francaise. C’est plutot le contraire qui s’est passe. C’est Notre Zeroual national qui a refuse de rencontrer chirac. La france qui s’est sentie snobe ne lui a jamais pardonne et viendra le jour ou quelqu’un prouvera qu’elle a joue un grand role dans son depart premature d’ El Mouradia.

    hh
    30 mai 2019 - 23 h 04 min

    لماذا لا توجد نسخة بالعربية لموقعكم هذا ؟

      Abu sinbel
      1 juin 2019 - 23 h 08 min

      Il annahou laysa mawqîaan yantami ila ahli Makka, ahlou al haramou oua al bathengal, haza mawqîaoun yantami ila abnaa ou al amazighi oua al ahrari. Tu veux un site en arabe? Alors fais-en un toi-même puisque vous êtes partisan de l’arabisation. La technologie n’est pas faite pour votre idéologie arabo-baathiste.

    pomme
    30 mai 2019 - 21 h 31 min

    Merci pour ces bonnes feuilles.Est ce possible qu’Abdelaziz Bouteflika, placé à El Mouradia, se soit révélé aussi retors pour échapper à la vigilance de ses maîtres?

    bozscags
    30 mai 2019 - 20 h 36 min

    je vais l’acheter ça doit être très intéressant.

    Comme dirait quelqu'un...
    30 mai 2019 - 19 h 12 min

    …que vous connaissez bien, pour l’armée, Bouteflika était l’homme idoine pour manipuler le peuple et apaiser les institutions internationales (entre autres, la cour de la Haye) au lendemain de la guerre civile. Le système était aux abois, ayant pour seul et unique programme  » sauver ses propres meubles » !

      On pourrait compléter par...
      31 mai 2019 - 13 h 54 min

      … »Peut importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !!!

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