La France considère l’affaire du groupe Total comme un acte algérien hostile
Par Karim B. – Les réactions en France sont vives depuis que les autorités algériennes ont décidé d’empêcher le groupe pétrolier français Total d’acquérir les actifs algériens appartenant à l’américain Anadarko. Pour les médias français, cette décision «ravive les tensions» entre Alger et Paris dans cette «bataille à coups de milliards de dollars».
Pour les commentateurs français, les raisons de ce «blocage» sont «très politiques». «Certains clans veulent détourner la contestation en cours, en désignant la France comme responsable de tous les maux du pays. D’autant que le groupe pétrolier français est présent sur le sol algérien depuis des années», lit-on dans France Info qui ne désespère pas de voir «Alger adoucir sa position, comme l’a laissé entendre, le 27 mai, le ministre algérien de l’Energie», Mohamed Arkab, qui a affirmé que Sonatrach «cherchera un bon compromis».
La France, qui voit ainsi un gros morceau lui filer entre les doigts – 260 000 barils par jour, soit le quart de la production journalière –, lie cette affaire éminemment économique à la situation politique qui prévaut dans le pays depuis le 22 février dernier. En évoquant les «clans», les médias français font certainement allusion à l’institution militaire que Paris semble voir comme un potentiel écueil dans ses calculs stratégiques en Algérie. Pourtant, l’affaire du blé russe avait déjà créé un malaise entre l’Algérie et la France bien avant la chute du régime Bouteflika.
La panique s’était, en effet, emparée des Français à l’annonce, début octobre 2018, de la décision prise par Alger d’ouvrir son marché national de blé dur à la Russie. Le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, avait alors demandé à l’agence Business France, qui assure la promotion de groupes français sur les marchés mondiaux, de préparer une visite d’exportateurs français en Algérie au premier trimestre de l’année en cours.
L’Algérie, qui a déjà importé du blé russe en 2017, envisage de s’approvisionner totalement de la Russie cette année. Le journal économique français La Tribune avait relevé la conséquence de cette décision sur les agriculteurs français et globalement sur les exportations françaises vers l’Algérie, deuxième plus gros marché au monde, avec plus de 7 millions de tonnes importées annuellement.
La France est fortement bousculée en Algérie par les partenaires économiques que sont la Chine et la Russie. Elle sent la menace et réagit en tentant de «pérenniser le crise politique», comme le répète sans cesse le chef d’état-major de l’ANP dans ses discours.
K. B.
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