Que cachent les graves accusations de Djemaï contre Mouad Bouchareb ?
Par R. Mahmoudi – Le conflit à la tête du FLN est arrivé à un point de rupture. Ainsi, le nouveau patron du parti, Mohamed Djemaï, n’y est pas allé de mainmorte pour descendre en flammes son prédécesseur et président de l’APN, Mouad Bouchareb, et le contraindre à quitter son poste.
Lors d’une rencontre, mercredi, avec des militants au siège de son parti, Mohamed Djemaï n’a pas hésité à accuser Bouchareb d’avoir «comploté» avec les forces extraconstitutionnelles – comprendre les tenants de l’ancien régime – contre l’Etat et contre le hirak et d’appeler ainsi le procureur général de la Cour d’Alger à ouvrir une procédure judiciaire pour l’inculper.
Au-delà du conflit interne qui oppose l’actuelle direction à l’ancien coordinateur du parti, imposé, lui aussi, à sa tête dans des conditions troubles, cette sortie de Mohamed Djemaï marque un nouveau pas dans la gestion chaotique des institutions, à un moment où l’institution militaire, qui incarne aujourd’hui le pouvoir de fait, presse la classe politique à s’engager dans un dialogue «sérieux et responsable» pour essayer de trouver une solution rapide à la crise actuelle et susceptible d’éviter au pays «un vide institutionnel» qui pourrait lui être fatal.
Plus qu’un simple acte de délation, cet appel solennel adressé à la justice par le secrétaire général du FLN pour arrêter un cadre dirigeant de son parti et qui, de surcroît, occupe le poste de président de l’APN, constitue un antécédent grave dans la vie politique nationale, et peut faire des émules.
Sur son élan, l’impétueux secrétaire général du FLN veut à tout prix apparaître comme le porte-voix de l’armée, en se permettant d’expliciter les dernières recommandations du chef de l’état-major concernant, notamment, le dialogue politique et la nécessité de faire des «concessions mutuelles» pour sortir le pays de l’ornière. Il a, au passage, salué l’attachement réitéré par l’institution militaire pour une solution constitutionnelle et son refus de toute transition aux «conséquences incertaines».
R. M.
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