A méditer
Par Houari A. – Un lecteur s’est demandé, à juste titre, où sont cachés tous ces démocrates qui, hier, applaudissaient des deux mains l’arrêt du processus électoral en janvier 1992 mais qui, face à une campagne des plus haineuses menée par les tueurs de femmes et d’enfants contre ceux qui se sont dressés contre les fossoyeurs de la République, restent les bras croisés.
Comment répondre à ce silence turpide, sinon par deux citations à méditer pour bien comprendre l’ingratitude de certains, prêts à nier sans honte leurs engagements, leurs convictions et leurs valeurs.
Lorsque les militaires boliviens parvinrent à débusquer Che Guevara de sa cachette suite au renseignement d’un berger, ils demandèrent à ce dernier : «Pourquoi avoir dénoncé un homme qui se sacrifiait pourtant pour votre liberté et votre bien-être ?» Le berger : «Je l’ai dénoncé parce que le crépitement des armes fait peur à mes animaux en pâture.»
Quand Mohamed Karim, l’Egyptien qui entreprit de résister contre l’assaut d’Alexandrie lancé par Napoléon fut arrêté par l’armée et condamné à la peine capitale, l’empereur français le fit convoquer et lui dit : «J’ai de la peine à exécuter un homme qui a vaillamment défendu son pays et je ne souhaite pas que l’histoire retienne de moi l’image d’une personne qui étouffe l’élan des patriotes. Ainsi, je te promets la liberté si tu payes dix mille pièces d’or pour mes soldats tués par la résistance.» Tout souriant, Mohamed Karim répondit : «Je n’ai pas la totalité de la somme demandée sur moi mais les commerçants d’Alexandrie me sont redevables de 100 000 pièces d’or et ils payeront à coup sûr cette amende afin que j’aie la vie sauve !»
Enchaîné, il fut conduit au marché d’Alexandrie pour le tour des comptoirs en quête de la somme dont sa vie dépendait. Mais, à sa grande surprise, aucun commerçant ne s’apitoya sur son sort. Pire, ils l’accusèrent d’avoir provoqué la destruction de leurs biens et d’avoir porté atteinte à la vitalité économique de la ville portuaire d’Alexandrie.
Napoléon, au vu de la dénégation des siens à son égard, déclara : «Je concéderai que l’on mette la sentence de la peine capitale à exécution parce que tu as tué mes soldats pour des personnes ingrates qui comptent plus sur leur commerce que sur leur intégrité !»
Mohamed Rachid Rida, réformateur syrien, disait : «Se révolter pour le compte de niais revient à s’immoler par le feu pour éclairer le chemin d’un aveugle.»
A méditer.
H. A.
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