L’appel de seize théologiens ou quand les religieux supplantent les politiques
Par R. Mahmoudi – Seize personnalités religieuses connues et reconnues, conduites par l’érudit centenaire Cheikh Mohamed-Tahar Aït-Aldjet, ont signé un appel digne d’un vrai parti politique, contenant des propositions pertinentes pour une sortie de crise.
Ils proposent, en premier lieu, d’appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution, en considérant que les manifestations inorganisées chaque vendredi sont autant de référendums populaires.
Deuxième point : les signataires de l’appel insistent sur l’impératif d’une période de transition, qui serait présidée par une ou des personnalités consensuelles, «admises par la majorité du peuple algérien». Cette nouvelle direction aurait, ensuite, comme tâche prioritaire et urgente de nommer un gouvernement de compétences nationales, à la condition que celles-ci ne traînent pas un passé douteux. La nouvelle présidence serait en même temps appelée à mettre en place une instance indépendante d’organisation des élections, puis à organiser une conférence nationale «inclusive» dont l’objectif est de «jeter les jalons d’une nouvelle politique et de mettre en place les garde-fous susceptibles de prémunir le pays contre toute forme de dépendance ou d’allégeance et de lui éviter de replonger dans des situations de pourrissement politique, économique social ou culturel».
Les Oulémas signataires du document saluent une jeunesse «consciente, qui a prouvé au monde son sens élevé de civisme, à travers son mouvement pacifique», et l’exhorte à «protéger leur mouvement des infiltrés et des opportunistes qui veulent détourner cette déferlante nationale de son cours normal».
S’adressant à l’élite politique, les seize Oulémas lui rappellent «la nécessité de rompre avec les pratiques du passé, avec tous ses maux et ses corrupteurs, et de consentir des sacrifices pour ouvrir une nouvelle page pour un avenir meilleur».
Parmi les signataires, on trouve trois personnalités du rite ibadite, un ancien ministre, Saïd Chibane, l’actuel président de l’Association des oulémas, des chefs de zaouïas de Tolga, de Boussâada et de Tizi Ouzou et des universitaires.
R. M.
Comment (75)