Les citoyens plus vigilants que jamais : les nervis du FIS chassés du hirak
Par R. Mahmoudi – Un groupe de salafistes a fait irruption dans la marche populaire de ce dernier vendredi de Ramadhan à Alger mais a vite été hué, puis chassé par de nombreux manifestants qui n’ont pas accepté cette intrusion incongrue mais, heureusement, sans aucune violence.
Ces islamistes extrémistes seraient passés inaperçus s’ils n’avaient pas tenté d’imposer leur discours à la grande foule, en scandant à tue-tête, comme le montre une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, des slogans chers à l’ex-FIS et d’autres appelant ouvertement à l’instauration d’un Etat théocratique en Algérie : «Dawla islamiya bla ma n’votiw ! » (Nous voulons un Etat islamique sans vote !) ou encore «Djazaïr horra islamiya !» (Algérie, libre et islamique), en réponse au fameux slogan : «Djazaïr horra democratiya !», et en brandissant des bannières islamistes et une banderole sur laquelle était écrit «Un Etat civil, ce n’est ni un Etat militaire ni un Etat laïc».
Silencieux depuis le début des manifestations, les islamistes radicaux ont fait leur entrée depuis seulement quelques semaines, galvanisés certainement par leur premier grand rassemblement aux funérailles du fondateur du FIS, Abassi Madani, le 28 avril dernier à Belouizdad (ex-Belcourt), leur fief traditionnel, le premier depuis plus de vingt-sept ans.
Ce jour-là, les partisans du parti dissous ont repris en chœur leurs vieux refrains des années 1990. Ils ont, ensuite, essayé à maintes reprises d’infiltrer les marches à Alger et dans certaines villes de l’arrière-pays mais sans succès. Ses anciens dirigeants autorisés à activer – contrairement à Ali Benhadj –, tels que Kamel Guemmazi ou Abdelkader Boukhemkhem, sont plusieurs fois apparus dans de petits carrés de militants islamistes mais, à l’évidence, leur mobilisation semblait tellement dérisoire devant le déferlement humain qu’il faudrait plutôt parler d’un épiphénomène, comme le sont les gesticulations d’autres minorités idéologiques.
Il reste maintenant à savoir si cette présence pitoyable reflète véritablement une tendance lourde dans la société ou alors un premier test avant le grand assaut. L’avenir proche nous le dira.
R. M.
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