La peur du vide
Par R. Mahmoudi – Le débat ne fait que commencer autour de la décision arrêtée par le Conseil constitutionnel portant sur le report sine die de l’élection présidentielle, initialement prévue le 4 juillet prochain.
Alors que de nombreux acteurs et observateurs politiques prévenaient contre l’illégitimité des institutions en cas de la non-tenue du scrutin présidentiel dans ses délais prévus par la Constitution, rendant ainsi inéluctable le recours à une transition politique, le Conseil constitutionnel a surpris tout le monde en décrétant cette fatwa qui met fin aux espérances de tous ceux qui ont misé sur l’échec de la présidentielle du 4 juillet pour exiger le départ des «3B» et l’ouverture d’une transition.
Le Conseil constitutionnel a ainsi trouvé la parade, en s’appuyant, non pas sur le texte mais sur l’esprit de la Constitution, tout en évitant de trancher sur le choix de maintenir ou de remplacer les titulaires des deux institutions en charge de la préparation des élections, à savoir le chef d’Etat intérimaire et son Premier ministre. La fatwa indique que «dès lors que la Constitution prévoit que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de chef de l’Etat est d’organiser l’élection du président de la République, il y a lieu de réunir les conditions adéquates pour l’organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité en vue de préserver les institutions constitutionnelles qui concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain». Ainsi, «il revient au chef de l’Etat de convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu’à l’élection du président de la République et la prestation du serment constitutionnel», explique le même décret.
A priori, le maintien d’Abdelkader Bensalah et de Noureddine Bedoui à leurs postes respectifs se heurte aux revendications de la rue qui exige au préalable le départ des symboles de l’ancien régime mais, le plus important, pour les décideurs est que la hantise d’un vide institutionnel puisse être dépassée, et que s’il doit y avoir transition, elle ne pourra se faire que dans le cadre de la préparation des élections.
Aussi faut-il s’attendre à d’autres reports, dans le cas où les manifestants continueraient à rejeter massivement des élections conduites par le personnel en exercice. C’est pourquoi, la fatwa du Conseil constitutionnel ne fixe pas une date de la tenue de la présidentielle.
R. M.
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