Hommage ému
Par Algeriepatriotique – Fouad Boughanem vient de nous quitter. Il laisse un vide immense. Le Soir d’Algérie restera, assurément, un grand journal mais le filigrane Fouad, alliage élaboré dans un creuset chauffé par les émotions, les peines, les désillusions, les espoirs et les enthousiasmes d’une époque lui manquera sans aucun doute. Fouad était la permanence d’une ligne éditoriale marquée par le courage de résister et le courage de dire.
Fouad, homme de bon sens, de juste mesure, de générosité, de convivialité et de tolérance avait ouvert les pages de son journal à tous les débats au nom du droit de chacun à s’exprimer. Mais quand un pourfendeur de ses contemporains pensait avoir trouvé en Le Soir d’Algérie un vecteur pour son agitation, Fouad savait rappeler, avec des mots carrés, l’éthique basique du journal : le refus des anathèmes, des diffamations ou des propagandes grossières au bénéfice d’une secte ou d’un puissant du jour. Sa politesse, sa courtoisie, sa bienséance ne le conduisaient jamais à feindre. Sa sincérité n’était jamais affectée. C’était sa nature profonde. On l’aimait tel qu’il était.
Fouad recevait l’ami de passage dans un petit bureau encombré de livres, de revues, de documents et de manuscrits. Le clavier devant lui était une «fibre optique» qui diffusait aux autres récepteurs, dans la grande salle de rédaction du Soir, ses vibrations, son regard. On accédait dans «l’antre» de Fouad en suivant le couloir du souvenir éclairé par le regard triste et résolu en même temps des compagnons fauchés par la bombe des tueurs le 11 février 1996. Les portraits accrochés au mur rappellent que des grands ouvriers du Soir sont morts pour leurs idées (Allaoua Aït Mebarek, Mohamed Dhorban et Mohamed Derraza). Fouad vient de les rejoindre. Ils lui diront dans le langage des Elus : parce que tu n’as jamais trahi notre combat, tu as donné un sens à notre sacrifice.
Les clameurs de douleur et d’espoir qui montent, depuis quatre mois de toute la terre d’Algérie, «Djazaïr hora démocratia !», portent la marque de l’encre forte de Fouad.
Tristesse et respect.
AP
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