Le Sénat français a-t-il censuré l’audition de l’ambassadeur de France à Alger ?
Par R. Mahmoudi – Le Sénat français a bloqué la publication du contenu de l’audition qui a eu lieu mercredi dernier avec l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, sur le site officiel de la deuxième chambre du Parlement français, rapporte des sources concordantes.
Cet acte de censure n’a pas manqué d’attiser la curiosité des observateurs sur le contenu de cette audition et sur ce que le Sénat a bien voulu cacher à l’opinion publique, même s’il est acquis que l’ambassadeur a été entendu sur la situation qui prévaut en Algérie à la lumière des manifestations populaires en cours depuis le 22 février et des conséquences politiques de la démission d’Abdelaziz Bouteflika.
L’audition a eu lieu le 5 juin devant la Commission des affaires étrangères et de la défense et des forces armées, comme l’indique le site officiel du Sénat français qui ne mentionne pas, toutefois, l’objet ni le contenu de cette audition.
Le plus cocasse dans cette histoire est que le site officiel du Sénat français a indiqué, au sujet de cette audition de Xavier Driencourt, que son contenu ne serait pas publié plus tard, précisant qu’il ne pourrait pas faire l’objet d’un rapport. Ce qui entretient les suspicions sur cette censure, c’est que, dans la même alerte, le site du Sénat annonce la publication prochaine d’un rapport sur la Colombie, pourtant débattu et annoncé le même jour que cette audition de Driencourt.
Cette omerta instaurée par le Sénat français sur la situation en Algérie confirme la tendance, chez les dirigeants français, à se garder de tout commentaire officiel sur la crise algérienne, au prétexte que cela risquait d’être interprété comme une «ingérence dans les affaires internes de l’Algérie». Un principe que le chef de la diplomatie français, Jean-Yves Le Drian, a rappelé à plusieurs reprises.
Dès le début mars, dans une audition par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française sur la situation en Algérie, il avait notamment déclaré : «Je voudrais dire les choses de manière très claire, parce qu’au cours des derniers jours, notre position a donné lieu à des détournements, des incompréhensions, des raccourcis.»
Jean-Yves Le Drian a rappelé que l’Algérie est un pays souverain. «C’est au peuple algérien, et à lui seul, qu’il revient de décider souverainement de son avenir, et il a montré cette posture au cours des dernières semaines. Il a montré qu’il était déterminé à faire entendre sa voix.»
R. M.
Comment (19)