Pourquoi le dictionnaire Le Robert a retiré la définition du nom «Bouteflika» ?
Par Houari A. – Le dictionnaire de langue française Le Robert a retiré la définition en arabe du nom de l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dans son édition de 2019, la traduction «celui qui fait tout exploser» a disparu, alors que l’étymologie des noms d’autres Présidents, comme l’Américain Kennedy, le Tunisien Bourguiba ou le Français Mitterrand, y est toujours.
C’est un citoyen algérien qui a relevé cette «censure» et a même écrit à l’éditeur du dictionnaire pour connaître la raison de cette «omission». «Le Robert aurait-il subi des pressions du pouvoir algérien (de la fratrie Bouteflika) avec des menaces d’interdiction de vente de ses livres en Algérie ou les autorités françaises ont-elles adressé des instructions à l’éditeur pour que la mention ne soit pas mentionnée dans l’édition de 2019, pour ne pas envenimer les relations franco-algériennes ?» s’interroge ce citoyen qui précise que l’éditeur n’a pas donné suite à son courrier.
Le dictionnaire Le Robert est l’unique ouvrage dans toutes les langues qui propose la signification des noms propres. Celui du Président algérien déchu se trouve à la page 330 de l’édition de 2012, précise le citoyen en question.
Tout dans les relations algéro-françaises est sujet à supputations et à suspicion, tant celles-ci sont extrêmement sensibles. La position «inconfortable» de Paris par rapport à la crise politique en Algérie en est la preuve. Pendant que l’Elysée et le Quai d’Orsay multiplient les déclarations assurant que la France «n’a aucunement l’intention» de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Algérie, l’ancienne puissance coloniale tente cependant d’adouber ses pions qu’elle aimerait voir arriver au pouvoir pour sauvegarder les intérêts français en Algérie.
Les Présidents français qui se sont succédé après l’avènement de Bouteflika en Algérie en 1999, depuis Chirac jusqu’à Macron, en passant par Sarkozy et Hollande, ont tous adopté une politique de rapprochement mais qui s’est à chaque fois heurtée au lourd héritage que sont la colonisation et les crimes contre l’humanité commis par l’armée coloniale.
En retirant cette définition jugée péjorative du nom de l’ancien chef d’Etat algérien, Le Robert ne fait que confirmer cette sensibilité extrême dans les rapports entre ces deux pays liés par l’histoire.
H. A.
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