Le vide se creuse
Ces changements à donner le tournis qu’on nous annonce depuis deux jours, notamment dans le corps de la justice, mais aussi à la tête de certaines institutions et entreprises nationales, et qui arrivent après une série de décisions similaires, participent-ils d’un plan de restructuration bien étudié ou sont-ils dictés par l’urgence du moment liée aux affaires de justice qui s’accumulent à une grande vitesse et dont on ne sait plus quand elles se termineront ?
La question mérite d’être posée parce que, d’un côté, il n’y a plus personne au gouvernement pour commenter ces décisions. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui est censé intervenir, ne serait-ce que pour rassurer les employés de son secteur, est aux abonnés absents. Le Premier ministre lui-même n’a plus d’autorité. Faut-il attendre des éclairages et des explications du chef d’état-major de l’ANP sur les projections visées à travers des réaménagements d’une telle ampleur ?
De l’autre côté, parce que de plus en plus de voix redoutent les retombées d’une campagne expéditive et d’un changement qui ne tienne pas compte des équilibres et qui risque de faire de nouvelles victimes du «système».
A première vue, on comprend que le système juridique, hérité du régime Bouteflika, ne soit plus en phase avec la conjoncture actuelle et les besoins de changement que dicte la rue, et que les décideurs actuels estiment que la judiciarisation de la crise est la clé de la solution mais ils oublient qu’entretemps le vide politique se creuse et que, faute de projet politique pour asseoir rapidement une nouvelle République, toutes les purges et autres décisions spectaculaires en cours risquent d’être réduites à néant.
R. M.
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