Atteintes à l’économie nationale : le chiffre effarant de la DGSN
Par Houari A. – Le chiffre donne le tournis et le dossier est loin d’être clos. Pas moins de 768 personnes ont été présentées devant le juge dans des affaires de fraude fiscale et d’atteintes à l’économie nationale ces cinq derniers mois, selon un bilan de la Direction générale de la Sûreté nationale.
On ne sait pas si ce chiffre a été recoupé avec ceux de la Gendarmerie nationale ou s’il englobe l’ensemble des accusés dont certains ont défrayé la chronique judiciaire après qu’ils eurent longtemps prospéré comme de véritables oligarques sous le régime de Bouteflika.
La justice se penche depuis le début du mouvement populaire et la chute des Bouteflika sur les dossiers de la corruption et des avantages octroyés par les responsables politiques à un certain nombre d’hommes d’affaires qui étaient proches du cercle présidentiel. De hauts cadres au sein des ministères et d’autres institutions publiques sont également impliqués dans ce fléau qui a gangréné l’économie nationale et s’est aggravé durant le long règne d’Abdelaziz Bouteflika.
Ce mercredi, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia et le furtif directeur de campagne pour le cinquième mandat de Bouteflika, Abdelghani Zaâlane, seront entendus par le juge de la Cour suprême. D’autres membres des gouvernements successifs ont également été convoqués par la justice dans les dossiers Haddad, Tahkout, Kouninef et Rebrab.
La liste risque de s’allonger au fur et à mesure que l’instruction avance et que les dossiers s’empilent sur les bureaux des procureurs. Bien que connu de tous, le phénomène de la corruption a été révélé officiellement à grande échelle suite à l’affaire de la saisie, par l’armée, de 701 kilogrammes de cocaïne au port d’Oran. L’arrestation de Kamel Chikhi, promoteur immobilier et importateur de viandes congelées, a mis à nu l’implication de nombreux fonctionnaires dans l’attribution de terrains et d’avantages en contrepartie de pots-de-vin. La chute du «Boucher» a été l’élément déclencheur d’une série d’interpellations et de limogeages à différents niveaux de l’Etat.
La lutte contre les détournements des deniers publics à travers l’acquisition de marchés publics juteux monopolisés par une poignée d’hommes d’affaires s’est accentuée avec la démission forcée de Bouteflika et l’appel pressant de l’état-major de l’ANP à la justice pour ouvrir – et rouvrir – les dossiers de la délinquance économique et financière. Elle n’est qu’à ses débuts.
H. A.
Comment (36)