Un média américain invite les Algériens à accepter l’ingérence de Washington
Par R. Mahmoudi – Dans une analyse comparative des soulèvements populaires soudanais, algérien et égyptien, le magazine politique américain spécialisé des relations extérieures, Foreign Affairs, suggère aux animateurs des mouvements populaires soudanais et algérien de ne pas rééditer les «erreurs» commises par les meneurs de la révolution égyptienne de 2011, d’abord en restant soudés face aux autorités militaires, quelles que soient les manœuvres de celles-ci pour briser l’unité des rangs, et en refusant de quitter la rue jusqu’à la concrétisation de toutes les revendications et l’instauration d’un vrai régime démocratique.
Autre conseil prodigué par l’auteur de l’analyse aux hiraks des deux pays arabes : reconnaître l’importance d’un soutien étranger. «Après 2011, écrit l’auteur, les Egyptiens ont vite compris que le destin de leur révolution ne serait pas entièrement entre leurs mains. Au début, les Etats-Unis, l’allié le plus important de l’Egypte, hésitaient à soutenir le soulèvement, mais finirent par soutenir prudemment la transition vers un régime démocratique. Mais ni l’aile laïque ni l’aile islamiste du mouvement révolutionnaire n’ont été en mesure de gagner le respect des diplomates américains.» Et de poursuivre : «L’ambivalence de Washington envers le gouvernement Morsi a probablement facilité le coup d’Etat de Sissi. Dans le même temps, des puissances régionales telles que l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui s’opposaient fermement aux Frères musulmans, s’employèrent activement à empêcher la démocratie d’atteindre leurs territoires, en fournissant des aides financières et un soutien diplomatique aux groupes et mouvements contrerévolutionnaires en Egypte.»
Pour le cas du Soudan et de l’Algérie, la situation paraît plus facile, selon Foreigh Affairs. «Les Etats-Unis ont relativement peu d’intérêts à long terme dans les deux pays, et une transition démocratique pourrait entraîner une perte moindre. En Algérie, Washington a cédé le leadership diplomatique à la France, qui adopte une approche quelque peu déséquilibrée de la transition, craignant que toute intervention ne soit interprétée comme une intervention néocoloniale».
Dans la même optique, l’analyste américain, plus soucieux des chances de réussite de l’ingérence étrangère que celles des «révolutions arabes», estime que les activistes soudanais et algériens peuvent suivre deux processus parallèles concernant les puissances étrangères. «Le premier, explique-t-il, consiste à résister aux incursions de pays de la région, tels que l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui ont tout intérêt à empêcher l’instauration de véritables démocraties au Moyen-Orient. Par exemple, des manifestants soudanais sont descendus dans les rues pour s’opposer aux programmes d’aide de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis, condamnant l’ingérence étrangère dans la transition.
Deuxièmement, les activistes peuvent, et doivent, développer des relations avec des sympathisants étrangers potentiels. Cela pourrait inclure l’Union africaine, qui soutient la démocratisation du continent depuis les années 1990, l’Union européenne, qui a soutenu la transition réussie de la Tunisie après 2011 et même les Etats-Unis», conclut-il.
R. M.
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