L’incarcération d’Ahmed Ouyahia fait la Une de la presse internationale
Par R. Mahmoudi – L’intérêt pour l’Algérie a connu ce mercredi un regain suite à l’annonce de la mise en détention provisoire de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette information, les images et les vidéos montrant son transfert du siège de la Cour suprême vers la prison d’El-Harrach ont occupé la Une de nombreux journaux et médias internationaux qui parlent d’un des événements les plus marquants du changement en cours en Algérie.
La presse moyen-orientale est, comme à son habitude, à l’affût du moindre soubresaut de la vie politique algérienne. Dans son compte-rendu de cette journée si riche en rebondissements, le quotidien pro-qatari Al-Araby Al-Jadid relève que le placement d’Ahmed Ouyahia sous mandat de dépôt est «une première en Algérie depuis son indépendance». «La décision de placer Ahmed Ouyahia en détention provisoire, rapporte le correspondant de ce quotidien, a été agréablement accueillie par l’ensemble des Algériens qui s’attendaient à cette décision à l’encontre de l’un des responsables les plus impopulaires du pays.»
Le quotidien Al-Charq Al-Awsat ouvrait également avec une dépêche de son édition électronique, se contentant de rapporter l’information, en attendant des comptes rendus plus fouillés sur le sujet. Pour l’agence Reuters (édition arabe), qui couvre de moins en moins souvent les événements en Algérie, l’incarcération d’Ahmed Ouyahia est un fait incontournable dans le processus de changement actuel, en relevant qu’avec Ouyahia c’est «la plus haute personnalité qui est mise en détention depuis le début des manifestations populaires».
Le site de France 24 consacre sa Une de mardi dernier à l’annonce de l’incarcération de l’ex-Premier ministre algérien, agrémentée de quelques commentaires et rappels de la longue série d’arrestations d’anciens responsables et d’hommes d’affaires.
Moins loquace sur le sujet, la presse écrite parisienne se contente de reprendre la dépêche de l’AFP, avec des titres différents. Le Monde parle de «purge qui touche les hommes de Bouteflika». Fidèle à sa ligne, l’hebdomadaire Le Point écrit à ce sujet que «certains observateurs craignent que ces enquêtes servent le double objectif d’offrir des ‘’têtes’’ à la contestation – qui qualifie depuis le 22 février les dirigeants algériens de ‘’gangs’’ de ‘’voleurs’’ ayant ‘’pillé le pays’’ – tout en favorisant une purge dans le cadre de luttes de clans au sommet».
Plus «sensibilisé» sur la situation en Algérie, Jeune Afrique note que «c’est la première fois qu’un Premier ministre algérien fait l’objet d’une incarcération pour des délits économiques». Brossant un portrait peu reluisant d’Ahmed Ouyahia, cet hebdomadaire met en relief son «impopularité» en raison de politiques d’austérité conduites au milieu des années 1990 et sa réputation d’«homme de basses besognes» qu’il assumait.
R. M.
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