Comment les médias français ont lu l’arrestation de ministres en Algérie
Par Mounir Serraï − Les médias français ont largement répercuté et commenté les informations relatives aux arrestations de hauts anciens dirigeants algériens.
«En Algérie, les incarcérations d’ex-dirigeants n’ont pas calmé la rue», titre le Nouvel Obs, qui reprend une longue dépêche de l’AFP. «L’emprisonnement d’ex-dirigeants politiques, piliers de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, n’a pas calmé la contestation en Algérie, où les manifestants se sont à nouveau mobilisés en masse vendredi pour réclamer le départ de ″tout le système″», souligne ce média. «Pas plus que la démission d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, ces incarcérations n’ont calmé les manifestants qui ont continué de réclamer massivement le départ de tous les anciens fidèles ayant accompagné le président déchu durant ses 20 ans au pouvoir», ajoute le Nouvel Obs.
France 24 s’interroge sur l’objectif de ces arrestations. «En Algérie, des arrestations pour éteindre la contestation?», se demande ce groupe médiatique sur son site internet. «En Algérie, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été interpellés et placés en détention. Tous deux ont officié comme chefs de gouvernement sous Abdelaziz Bouteflika. La joie suscitée à l’annonce de leur arrestation a laissé place au scepticisme, à la prudence et à l’inquiétude», soutient ce média.
Le Point estime que l’arrestation de deux ex-Premiers ministres dévoile l’étendue de la corruption en Algérie. «En l’espace de 48 heures, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été présentés devant la Cour suprême et incarcérés à la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger», souligne ce magazine.
Le Monde évoque la «chute brutale» d’Ahmed Ouyahia, 66 ans, qui voit sa carrière politique s’arrêter d’un coup. Ce journal relève le fait que c’est la première fois qu’un ancien Premier ministre est poursuivi pour «des faits présumés de corruption».
Pour Le Soir belge, l’arrestation d’Ahmed Ouyahia et de Abdelmalek Sellal ravit les Algériens. «Plus que tout autre, Ahmed Ouyahia incarnait le système corrompu qui règne en Algérie depuis des décennies. Son interpellation frappe les imaginations», souligne ce journal.
Pour RFI, «la contestation continue malgré les arrestations de proches du régime». «Malgré un important dispositif de sécurité déployé dans le centre-ville d’Alger, des dizaines de milliers de personnes ont de nouveau défilé dans les rues de la capitale, mais aussi dans tout le pays. De nombreux slogans ont été scandés en réaction aux arrestations de cette semaine, notamment celles des anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et d’Ahmed Ouyahia», lit-on sur le site de ce média.
Ouest France se contente de relayer l’information : «Depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes et placé en détention provisoire de puissants hommes d’affaires, la plupart soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec le chef de l’Etat déchu ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics.»
Le Telegramme français revient aussi sur ces arrestations en précisant que «depuis le début, le 22 février, d’un mouvement de contestation inédit qui a contraint Abdelaziz Bouteflika à la démission, le 2 avril, la justice a lancé plusieurs enquêtes et écroué de puissants hommes d’affaires, la plupart soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec l’ex-Président ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics».
Le Figaro souligne que depuis la démission de Bouteflika en avril dernier, «la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes sur des faits de corruption visant surtout d’anciens proches de Bouteflika. Elle a écroué de puissants hommes d’affaires, la plupart soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec l’ex-président ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics, avant de s’attaquer plus récemment à d’ex-hauts responsables en plaçant en détention préventive deux anciens Premiers ministres de Bouteflika et un ancien ministre».
M. S.
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