Washington fait pression sur le Soudan et ménage l’Algérie pour le moment
Par R. Mahmoudi – Moins d’une semaine après la nomination d’un «envoyé spécial» au Soudan – signe d’un début d’ingérence directe dans les affaires de ce pays –, l’administration de Donald Trump accentue les pressions sur le Conseil militaire de transition et sort peu à peu son jeu, après un long silence. C’est la preuve que Washington suit avec intérêt cette deuxième vague de soulèvements dans la région arabe, y compris en Algérie, et qu’ils n’hésiteraient pas à y intervenir au moindre dérapage.
C’est ce qui ressort des déclarations faites par le secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique, Tibor Nag, lors d’une conférence de presse jeudi, la première du genre consacrée aux événements qui secouent le Soudan. Celui-ci a mis en garde contre les risques d’un basculement du Soudan dans «un chaos semblable à ce qui se passe en Libye» mais ne dit pas que son pays, les Etats-Unis, était responsable en partie du chaos libyen.
Voulant à nouveau assumer leur rôle de «gendarmes du monde», les Américains viennent au Soudan, non pas pour proposer leurs bons offices mais pour dicter la ligne à suivre. Reçu cette semaine par le président du Conseil militaire de transition au Soudan, Abdul Fattah Burhan, le secrétaire d’Etat adjoint américain a affirmé que la répression sanglante d’un sit-in de manifestants du 3 juin dernier «constituait un tournant dans le cours des événements, eu égard au nombre de victimes et de viols commis par les forces de sécurité», en soulignant la nécessité d’une enquête «indépendante et crédible» pour juger tous les responsables de ces terreurs.
Tibor Nag assure que les Etats-Unis n’interviendraient pas dans l’enquête si «des parties indépendantes examinaient toutes les preuves afin de révéler les responsables (de ces actes)». Traduire : Washington interviendra d’une façon ou d’une autre puisque, dans la conjoncture actuelle, les enquêtes risquent de ne jamais aboutir. Mais, sans même attendre les résultats de ces enquêtes, le responsable américain se permet d’ores et déjà d’accuser des parties, sans les nommer, d’entraver le processus de dialogue au Soudan, en parlant de «perturbateurs dans les deux camps».
Au plan politique, le secrétaire d’Etat adjoint a proposé au chef du Conseil militaire soudanais une «feuille de route» contenant essentiellement trois points : libération de tous les prisonniers, retrait des forces armées de la capitale et mise en place d’un gouvernement civil, en lui suggérant de mettre fin à la transition actuelle.
R. M.
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