Convocation ou pas de Bouteflika par la justice : une question controversée
Par R. Mahmoudi – Des voix s’élèvent depuis quelques jours, dans la rue comme au sein des partis de l’opposition, pour demander que le président déchu puisse être entendu par la justice sur toutes les dérives qu’a connues le pays durant son règne et, notamment, sur celles liées au fléau de la corruption qui a atteint des summums lors de ses deux derniers mandats.
Dans les manifestations de vendredi dernier, des slogans ont été scandés par des manifestants – qui, en général, ne s’identifient pas politiquement – considérant la comparution d’Abdelaziz Bouteflika devant les juges comme «une suite logique» du processus en cours, où de nombreux anciens ministres et Premiers ministres ont été mis en détention provisoire, dans l’attente d’un procès qui fixera le sort de chacun. Certains slogans signifient clairement que toute cette «purge» n’aura de sens que si l’ex-chef de l’Etat emboîte le pas aux anciens responsables politiques jugés.
A ce sujet, le RCD a été le premier à formuler cette revendication, en appelant la justice à entendre l’ex-président Abdelaziz Bouteflika «sur ses actions et sur les activités de ses collaborateurs», estimant que cela constituait «l’unique gage de crédibilité» pour la justice.
Cet appel est corroboré par le député islamiste proche de Djaballah, estimant dans une déclaration récente que l’ex-chef de l’Etat méritait qu’il soit convoqué par la justice «même dans son état grabataire». Lui aussi juge qu’une telle décision est susceptible de «rendre justice» et de «rendre son honneur à la nation».
Plus prudent, le MSP, par la voix d’un membre de sa direction exclut pour l’instant cette hypothèse, du fait que, selon lui, tous ceux qui ont été interpellés par la justice l’ont été pour des affaires de malversation et de mauvaise gestion. Tandis que le Président déchu avait une responsabilité plutôt politique de la gestion du pays, a-t-il ajouté dans une déclaration au quotidien arabe Raï Al-Yawm. Pour ce dirigeant islamiste, ceux qui soulèvent aujourd’hui cette revendication «cherchent à diluer les interpellations et arrestations en cours».
R. M.
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