Pourquoi il faut élever l’environnement au rang de souveraineté nationale
Par Mohamed Menani – Selon les sources onusiennes, la pollution de l’air est cataloguée comme un phénomène dangereux qui provoque chaque année près de 7 millions de décès dont la moitié est enregistrée en Asie-Pacifique. Aussi, 92% des habitants de la planète ne respirent pas l’air pur et la pollution à l’ozone au niveau des sols accentue leur appauvrissement, d’où découle la réduction des rendements, notamment, sur les cultures vivrières ainsi que l’augmentation des coûts sociaux. En matière de prévention, seuls 12% des métropoles, possèdent des dispositifs de mesure de la qualité de l’air conformes aux normes de l’OMS.
L’être humain, qui est à la fois une créature et un créateur inventif, tente de se dresser devant la menace et s’emploie à mettre en œuvre son ingéniosité à travers des politiques technologiques diverses en vue d’entraîner la régression des émissions de dioxyde de carbone et de méthane afin de juguler le réchauffement climatique. Le vecteur des énergies renouvelables et des énergies vertes constitue un créneau porteur pour présenter des innovations et des progrès de recherches pour assurer un environnement plus sain. Faudrait-il la commémoration de la Journée mondiale de l’environnement pour être interpellé par notre culture écologique et notre concept adapté à un comportement efficient avec les éléments de la nature ? Vivre en harmonie avec la nature serait l’une des règles indispensables à notre survie et à la pérennisation de la planète «Terre», cette offrande divine vieille de plus de 4,5 milliards d’années.
Au fil des âges, l’Homme est parvenu à mettre en évidence sa prééminence en apprivoisant ses éléments les plus hostiles. Il a bâti, il a inventé, il s’est multiplié et, par son génie, il a su créer les techniques de maîtrise des sources d’énergie, l’homme s’est approprié la «Planète bleue», asservie à son propre confort mais, dans une brève rétrospective de ces actions pionnières novatrices en quête d’un épanouissement collectif, il se rend compte qu’il a concomitamment commis des dégâts collatéraux sur son long parcours.
Ainsi, à côté de toutes les merveilles créées, il a aussi anéanti des milliers d’espèces, appauvri les océans, détruit des civilisations, pollué l’eau et l’air, inventé des guerres, organisé des génocides, détruit des espaces sylvestres, faisant le lit à une catastrophe climatique planétaire inéluctable. Le vaisseau universel que constitue notre planète n’a pas manqué de transporter en son sein des gènes de son autodestruction, et la première infection virale expansive demeure l’angoissante démographie.
Cette plaie béante a explosé au taux de 4 naissances par seconde, selon les statistiques de l’OMS, pour recenser près de 7,3 milliards d’âmes, sujets d’une consommation effrénée en nourriture, logement, eau, école et industrie, entre autres, sans se soucier des équilibres d’évolution appuyés sur l’intelligence humaine pour apposer son empreinte écologique sur la biomasse, le biomatériau, la bioénergie, entre autres éléments utiles à notre survie.
«Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent» est un slogan affiché par l’Unesco depuis 1972 pour donner l’alerte sur le désordre climatique et mettre en évidence l’impérieuse nécessité de s’unir pour préserver les patrimoines forestiers qui subissent des transformations massives, menant à la déforestation préjudiciable à toute biodiversité, indispensable élément à notre survie. Dans notre pays, et malgré les lourds investissements dans le domaine de reboisement, le désert n’a pas cessé de faire avancer ses dunes vers le nord.
Dans l’étymologie du mot Homo Sapiens, nous dénotons le synonyme d’homme sage qui, par vocation, se prédestine à une réaction autant sage qu’intelligente contre la mise en coupe réglée de la nature et ses écosystèmes adjacents. Etre créatif et ingénieux ne doit pas s’arrêter au rituel des conclaves étatiques bruyants et des conférences mondiales sur la diversité biologique où l’on légifère pour projeter, sans suivre d’hypothétiques réserves de biosphère. En l’état actuel des choses, la diversité du biologique s’énonce, surtout, en termes calamiteux de sécheresse, désertification, pollution, espèces massacrées, déforestation, couche d’ozone, démographie galopante, effet de serre, famine et réchauffement climatique. La destruction continue et, dans l’expectative, l’homme s’achemine vers le désastre irrémédiable.
Autant dire que, dans notre pays, il y a péril en la demeure et il serait autant judicieux qu’efficient d’élever le département de l’environnement au rang de la souveraineté nationale, doté d’une autorité élargie et pratique pour instaurer un schéma de culture civique écologique, la mise au vert de tous nos espaces vitaux, la préservation et la promotion de notre patrimoine forestier et aquatique, l’intégration du dessalement de l’eau de mer, la promotion de l’énergie solaire et éolienne, appuyer l’écologie industrielle et œuvrer constamment dans l’implication du citoyen dans une dynamique qui tend à constitutionnaliser les droits de l’environnement.
Il y a bien des esprits visionnaires qui ne cessent de scruter notre galaxie à la recherche d’éventuelles «planètes vivantes», s’empêtrant dans d’hypothétiques équations numérales mais, dans ce futurisme galactique, il serait plus sage de savoir garder les pieds sur terre pour parer au plus pressant, en prévoyant le minimum de confort pour 9.7 milliards d’êtres humains en 2050. Dans une approche macro-écologique, il est surtout question de survie de l’espèce humaine dans cette planète bleue en toute harmonie et cohérence avec ses éléments car, au-delà, il n’y a que le silence sidéral de l’infini cosmos.
M. M.
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