Interdiction de l’emblème amazigh par Gaïd-Salah : dérapage ou diversion ?
Par Houari A. – Comme attendu, le ton menaçant dont a usé le chef d’état-major de l’ANP dans son dernier discours, contre le port de tout drapeau autre que l’emblème national durant les marches, en affirmant avoir donné des instructions «fermes» aux forces de l’ordre pour «faire face à quiconque tente encore une fois d’affecter les sentiments des Algériens à propos de ce sujet sensible et délicat», a soulevé un tollé général sur les réseaux sociaux et dans certains milieux politiques et associatifs.
Le chef d’état-major n’a donné aucune précision sur les emblèmes incriminés dans son discours, mais la référence au drapeau jaune-bleu-vert, frappé de la lettre Yaz de l’alphabet tifinagh, ne fait aucun doute, puisque c’est le seul présent dans les manifestations populaires hebdomadaires après l’emblème national. C’est pourquoi les réactions sont venues de tout le pays. Une «riposte massive» est annoncée ce vendredi, appelant à brandir plus ostensiblement le drapeau identitaire national amazigh.
Perçue comme une «provocation» destinée à semer la zizanie dans les rangs du hirak, la déclaration de Gaïd-Salah semble ainsi tactiquement «improductive», dans le sens où elle peut réveiller les vieux démons dans une conjoncture de délitement institutionnelle très grave et de crise économique rampante. Les plus indulgents acceptent de comprendre que le message de l’homme fort de l’armée désigne, non pas «le drapeau culturel et identitaire des Amazighs d’Afrique du Nord, mais celui brandi par les séparatistes du MAK, comme l’a repris un journaliste sur sa page Facebook, citant «une source autorisée» qu’il dit avoir eue au téléphone.
Preuve que la déclaration du chef d’état-major sur cette histoire de drapeau a provoqué une certaine gêne au sein même du pouvoir.
Gaïd-Salah n’en est pas à son premier dérapage et sa communication ambiguë et redondante, ajoutée à ses injonctions formulées sous forme d’appels, le desservent et l’éloignent chaque jour un peu plus du peuple qui réclame son départ au même titre que tous les autres symboles de l’ancien régime.
H. A.
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