Campagne sur la «marocanité» de Maghnia : à quoi joue le Makhzen ?
Par Houari A. – Les velléités expansionnistes du régime monarchique de Rabat sont ataviques. Après Tindouf, c’est au tour de la ville frontalière de Maghnia de faire saliver le descendant du boulimique Hassan II.
De nombreux médias marocains à la solde du Mechouar relaient une carte postale datant de la période sombre de la colonisation, montrant cette ville située à l’extrême ouest de l’Algérie et attribuée au Maroc voisin. Pourquoi une vieille illustration légendée par la France coloniale est-elle exhibée maintenant ? Que prépare le Makhzen embusqué et en attente de la moindre faille pour poignarder le voisin de l’Est pendant qu’il vit une crise politique qui dure et dont l’issue est de moins en moins certaine.
Aidé par ses mentors qui lui assurent soutien financier à l’intérieur et couverture diplomatique à l’extérieur, le régime prédateur de Rabat a érigé la politique expansionniste et belliciste héritée de la France et de l’Espagne coloniales en doctrine drapée dans un discours pacifiste pour faire endosser à l’Algérie la responsabilité du conflit larvé entre les deux pays. C’est ainsi que Hassan II déclarait en 1985, dans un entretien au magazine pro-marocain Jeune Afrique, que la ville de Tindouf n’est, à ses yeux, «intéressante que sentimentalement» car, avait-il argué, «elle ne constitue ni un nœud de voies stratégiques ni un lieu de passage obligé» même si, avait-il confié, néanmoins, révélant son hypocrisie, «elle contient du fer».
Le père de Mohammed VI affirmait, dans le même entretien, que le Maroc «n’a jamais réclamé que ce qui lui appartient», ajoutant que «Tindouf faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu’au début des années cinquante». Mohammed VI cherche-t-il à reproduire le même discours s’agissant de Maghnia ? «Si je parlais à mon petit-fils, je lui dirais tout simplement que ce Sahara [Tindouf, ndlr] a toujours été lié au Maroc par les liens de l’allégeance et que, chez nous, souveraineté et allégeance sont une seule et même chose», avait conseillé Hassan II, comme pour dire que le Makhzen n’abandonnera jamais sa politique coloniale et que celle-ci est une constante de laquelle il est interdit à ses descendants de dévier.
H. A.
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