Zinedine Zidane affirme son soutien au mouvement populaire en Algérie
Par Kamel M. – «On a envie de voir l’Algérie bien jouer pour le peuple, descendu dignement dans la rue», a affirmé la légende du football Zinedine Zidane, en marge d’un tournoi sportif. Tout en encourageant l’équipe nationale qui a enregistré un bon résultat lors de sa première rencontre face au Onze kenyan, le sélectionneur du Real Madrid exprime sa solidarité avec les millions d’Algériens qui réclament pacifiquement le changement radical du système depuis le 22 février.
Zinedine Zidane, qui a toujours fait part de son amour pour son pays d’origine, avait été invité par l’ancien président Bouteflika en mars 2010. Une opération de charme à l’égard des millions de fans du champion du monde en 1998, alors que le régime battait déjà de l’aile et que les premiers signes d’une contestation d’envergure pointaient à l’horizon.
Le fils de Béjaïa avait répondu présent par déférence envers le peuple algérien dont il proclame fièrement l’appartenance. Mais d’aucuns avaient compris que le cercle présidentiel cachait des intentions éminemment politiques à travers cette opération qui avait bénéficié d’une très large couverture médiatique.
L’ancien régime s’est toujours appuyé sur le sport roi pour marquer des points à chaque fois que le pouvoir présentait des signes d’essoufflement. Il en fut ainsi lors de la fameuse confrontation par balle ronde interposée qui avait mis aux prises l’Algérie et l’Egypte en novembre 2009. Bouteflika avait mobilisé des moyens colossaux pour répondre à l’agression égyptienne à travers le caillassage du bus de l’équipe nationale algérienne au Caire et les insultes proférées par les médias égyptiens à l’égard des martyrs de la glorieuse Guerre de libération nationale.
Le «coup» d’Oum Dermane avait valu à Bouteflika un regain d’estime auprès de l’opinion publique nationale qui se voyait ainsi vengée de l’affront fait aux Fennecs par les Pharaons. Hosni Moubarak avait même dû se déplacer à Alger pour présenter ses excuses aux Algériens, en expliquant qu’une «simple rencontre de football» ne pouvait en aucun cas «nuire aux relations fraternelles historiques» qui lient les peuples algérien et égyptien.
Cela n’empêche, cette «simple rencontre de football» était la partie visible d’une manœuvre qui visait à placer le fils de Moubarak mais qui avait fini par capoter et offrir un (long) moment de répit au président déchu et à son aréopage d’oligarques.
Zinedine Zidane est resté fidèle à son peuple à qui il voue respect et loyauté. Sa voix ne fera qu’encourager le mouvement populaire à aller de l’avant jusqu’au départ définitif de tous les symboles civils et militaires du régime Bouteflika.
K. M.
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