Trois supporters expulsés du Caire mis en prison : silence et incompréhension
Par Saïd N. – Plusieurs sources médiatiques rapportent que les autorités algériennes auraient décidé de placer les trois supporters de l’équipe nationale récemment expulsés par les autorités égyptiennes en détention provisoire, en attendant qu’ils comparaissent devant le juge le 7 juillet prochain.
Rien pour l’instant n’a filtré sur les griefs qui sont retenus contre ces trois supporters – certaines sources parlent de cinq –, ni sur les conditions de leur rapatriement alors que, d’habitude, le parquet donne au moins les raisons pour lesquelles des mis en cause sont poursuivis ou incarcérés. Que reproche-t-on exactement à ces trois jeunes Algériens partis, avec des centaines d’autres, soutenir leur équipe nationale en Egypte ? Tout ce qu’on sait sur cette affaire, c’est que les trois supporters ont été expulsés par les autorités du pays organisateur de la Coupe d’Afrique pour avoir, pour certains, brandi des banderoles politiques, portant des slogans propres au hirak algérien et pour avoir utilisé et lancé des fumigènes dans le stade.
Si, d’emblée, on peut admettre la réaction des autorités égyptiennes qui ne tolèrent pas pareilles exhibitions publiques, surtout lorsqu’il s’agit de slogans aussi condamnables que celui brandi sur une pancarte relayée par les réseaux sociaux, portant, en plus du fameux «dégage !» algérien («yetnehaw gaâ !»), d’aucuns s’interrogent en Algérie sur cette décision incompréhensible.
L’Egypte s’est empressée d’expulser ces supporters algériens de peur que le mouvement de contestation qui a commencé en Algérie le 22 février dernier ait un effet d’entraînement sur les supporters égyptiens qui pourraient s’inspirer des slogans pour lesquels les trois Algériens ont été renvoyés du Caire manu militari. En Egypte, où l’armée a pris le pouvoir après un coup d’Etat contre le chef de file des Frères musulmans, Mohamed Morsi, décédé en plein procès, le calme est précaire et la mèche mal éteinte du «printemps arabe avorté par une contre-révolution» risque de s’enflammer à nouveau et de provoquer un large mouvement de contestation comme an Soudan voisin et en Algérie, désormais sous le feu des projecteurs.
S. N.
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