Essebsi visé par «l’article 102» : la Tunisie gagnée par le syndrome algérien
Par Saïd N. – L’état de santé du président tunisien Béji Caïd Essebsi, 93 ans, fait planer une grave crise politique en Tunisie, qui se découvre toujours aussi vulnérable face à la menace terroriste qu’il y a trois ans.
Sujet tabou, la maladie du vieux chef de l’Etat a fini, comme en Algérie, par dévoiler l’incurie du système politique post-Ben Ali et ses contradictions. C’est ce que révèlent quelques déclarations de politiques tunisiens qui tentent d’alerter contre les périls qui guettent l’Etat tunisien. Dans un entretien, dimanche, à une chaîne de télévision locale, le chef du mouvement Ennahdha met en garde contre l’existence d’un complot étranger visant à semer la panique et la paralysie en Tunisie, n’excluant pas l’hypothèse, avancée par certains, que Caïd Essebsi ait pu être, comme Yasser Arafat ou Boumediene, empoisonné.
Le leader islamiste, qui a conclu un pacte avec le parti au pouvoir, Nida Tounes, et qui aspire à reprendre le pouvoir à la faveur de la prochaine présidentielle, reconnaît la complexité de la situation face à des «ennemis» qui cherchent, selon lui, à manipuler la rue tunisienne, tout en tentant de minimiser le risque d’un vide constitutionnel.
Dans le même sillage, Rached Ghannouchi qualifie de «bombe à retardement» une déclaration faite cette semaine par la présidente du Parti constitutionnel libre, Abir Moussi, affirmant que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, est aujourd’hui pris en otage au palais présidentiel et mettant en même temps en garde contre un coup d’Etat à l’intérieur de l’institution présidentielle.
En bon avocat du pouvoir, Ghannouchi accuse cette femme politique de faire dans l’alarmisme, visant à semer la peur et la panique au sein du peuple, tout en rassurant quant à la position de l’armée qui, selon lui, demeure «garante de la démocratie» dans son pays.
S. N.
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