La théorie du vide
Par Saïd N. – Tous les commentateurs politiques n’arrêtaient pas, depuis hier, d’alerter sur la situation d’anticonstitutionnalité dans laquelle se trouve tout l’Etat algérien après l’expiration du mandat provisoire d’Abdelkader Bensalah. Un nouvel épouvantail qui a pour nom : le «vide constitutionnel».
Certains politiques comme Saïd Sadi trouvent même que c’est le moment d’appeler à la désobéissance civile par des grèves générales, dès lors qu’aucune loi, aucune autorité n’est légitime dans le pays.
D’autres voix, tout aussi alarmistes mais plus responsables, pressent le pouvoir de fait qu’incarne l’état-major de l’ANP d’accepter une forme de transition qui passera nécessairement par le départ des titulaires des deux principaux postes de l’Exécutif, à savoir le chef de l’Etat intérimaire et son Premier ministre. Or, ce que nous proposent les partisans de cette option, qui fait aujourd’hui l’unanimité au sein de l’opposition, c’est d’éviter au pays un vide constitutionnel avec, toutefois, le risque de le replonger dans un vide institutionnel qui est autrement plus dangereux pour la stabilité du pays. N’est-ce pas malheureux que le destin de l’Algérie tienne au choix qu’il faudrait faire entre deux vacuités ? N’y a-t-il plus vraiment aucune autre solution pour sortir de l’ornière et épargner à l’Algérie cette double fatalité ?
Théoriquement, la solution la moins coûteuse et la plus démocratique est d’aller aux élections le plus rapidement possible, seul moyen pour éviter – ou réduire – à la fois le vide constitutionnel et le vide institutionnel. Mais, en pratique, ce n’est pas du tout possible, tant que les décideurs actuels s’obstinent à vouloir imposer leur feuille de route.
C’est que le pouvoir sait que s’il cède aux revendications du hirak maintenant, il s’en trouvera obligé d’accepter une transition, avec de nouvelles institutions, sur laquelle il risque de ne pas avoir le contrôle. Il sait aussi que s’il refuse de marcher, il assumera ce creusement du vide constitutionnel.
Un cercle vicieux.
S. N.
Comment (7)