Saïd Sadi met en garde : «L’Algérie est déjà dans le sillage du schéma libyen»
Par Saïd N. – L’ex-président et fondateur du RCD, Saïd Sadi, considère que l’impasse politique actuelle «est compliquée par l’intrusion de puissances étrangères qui ne désespèrent pas de maintenir l’Algérie et, au-delà, toute la région nord-africaine sous leur influence idéologique».
Selon lui, l’Algérie «est déjà dans le sillage du schéma libyen où le chef du gouvernement Saraj, soutenu par le Qatar et la Turquie, essaie de survivre à l’offensive du »maréchal » Haftar dopé par le trio Egypte, Arabie Saoudite, Emirats arabes», écrit-il dans une contribution parue mardi dans le site Middle Est Eye, réputé proche de Doha et hostile à la politique de Riyad.
Poursuivant son analyse, Saïd Sadi constate que «pour l’heure, l’obligé turc algérien, en l’occurrence le parti islamiste MSP, reste dans l’orbite de l’armée. Mais comme en Libye, la pression exercée par les Emirats, qui sous-traitent pour le grand frère saoudien avec la bienveillante attention du Caire, est grande». Pour lui, «l’opprobre jeté par le chef d’état-major sur l’emblème berbère participe du souci de rassurer ses tuteurs quant à sa disponibilité à neutraliser la cité démocratique». L’auteur de la contribution explique cette présumée inféodation d’Alger au régime d’Abu Dhabi par le fait que «la plupart des dirigeants algériens, selon lui, redoutant des investigations ultérieures, ont placé leurs fortunes aux Emirats».
Commentant l’évolution des événements en Algérie, Saïd Sadi s’en est de nouveau pris au chef d’état-major par des propos peu amènes, en rappelant que ce dernier a été, sans surprise, «la cible préférée des manifestants» lors des marches du vendredi dernier.
Dans le même sillage, l’ex-leader du RCD écrit : «En défaut d’alternative crédible, le général Gaïd-Salah déclenche une tonitruante campagne contre la corruption où les arrestations d’oligarques cachent mal de grossiers règlements de comptes. Si les Algériens se réjouissent de l’emprisonnement de certains prédateurs, ils ne manquent pas une occasion de lui rappeler que sa place est à côté de ceux qu’il a embastillés.»
L’auteur accuse le général Gaïd-Salah d’être derrière la campagne de répression qui «n’épargne ni les jeunes manifestants, ni les anciens maquisards, ni la presse». «Rejeté par la rue, enchaînera-t-il, le militaire essaie de faire vendre sa feuille de route par des factions islamo-conservatrices à travers la réunion programmée le 6 juillet.»
L’analyse de Saïd Sadi paraît moins pertinente sur les propositions qu’il fait pour maintenir la mobilisation citoyenne. Il estime que cette dynamique «est appelée à engager des actions plus précises et mieux élaborées. Le recours à la grève générale doit être envisagé avec minutie et maintenant que le pays bascule dans l’illégalité constitutionnelle, les actions de désobéissance civile sont légitimes et pertinentes».
S. N.
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