Football : la CAN se déroule aussi en France
La coupe d’Afrique des nations 2019 (CAN-2019), qui se déroule en Egypte, se joue également en France où le tournoi continental de football est très suivi par les médias et les communautés africaines ou d’origines africaines, et particulièrement par les clubs français à l’affût de pépites.
Il ne se passe pas une heure, une demi-journée ou un jour sans que les médias français (TV, journaux et sites) n’évoquent le tournoi africain dans toutes ses facettes. Même les sites d’informations se sont mis aux couleurs africaines en fournissant de façon instantanée et continue des news très croustillantes des équipes en compétition ou sur les révélations du tournoi.
De leur côté, les directeurs techniques des clubs français, notamment de la Ligue 1, sont à pied d’œuvre pour d’éventuels recrutements tout en gardant un œil vigilant sur les intentions des clubs espagnols et britanniques.
Par ailleurs, dans les quartiers des grandes villes et les banlieues à forte concentration africaine, où la ferveur est vive, les inconditionnels supporters s’organisent, aux couleurs du drapeau national pour regarder les matchs en groupes et exprimer en cas de victoire leur joie dans les rues françaises qui se décorent de couleurs autres que le bleu, blanc, rouge. L’exemple a été donnée par les Algériens de France qui investissent les rues françaises à chaque victoire des Fennecs. Ils sont partout : Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Montpellier, Nice, Ile-de-France, Lille, Strasbourg, Annemasse, etc.
Lors du dernier match contre la Guinée, qui s’est soldé sur une victoire 3-0 en faveur des Verts, les Algériens étaient très nombreux à envahir les rues de Paris, Lyon, Marseille et Lille pour exprimer leur allégresse avec des drapeaux algériens, ce qui a poussé de nombreux Français, notamment ceux qui acceptent mal la nouvelle configuration sociale riche en diversité, à se demander «dans quel pays se trouvaient-ils».
L’occupation de certaines places emblématiques a même donné lieu à des échauffourées entre les supporters et les services de sécurité qui ont parfois utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Beaucoup redoutent sans doute l’impact en France d’une éventuelle victoire de l’Algérie de la CAN, sachant que les Algériens de plusieurs générations restent la première communauté dans l’Hexagone.
On n’écarte pas également auprès des services de sécurité cette éventualité pour ne pas être dépassé comme lors de la qualification de l’Algérie au deuxième tour de la coupe du Monde de 2014. D’ailleurs, en prévision du match des quarts de finale opposant jeudi l’Algérie à la Côte d’Ivoire, la petite ville d’Annemasse (Haute-Savoie), juste pour l’exemple, s’est fendue la veille d’un communiqué pour avertir qu’elle n’accepterait «aucun débordement» de supporters.
Depuis le début de la compétition, des supporters se sont rassemblés pour fêter la victoire de leur équipe à Annemasse, qui a vu début juin, rappelle-t-on, une foule de 150 personnes descendre fêter la défaite de la France contre la Turquie dans le cadre des éliminatoires de l’Euro. Dans son communiqué, la ville d’Annemasse cite en exemple l’Algérie, qui voit se dérouler depuis plusieurs mois, «dans le respect de l’espace public et dans une grande dignité, un immense mouvement populaire pour la démocratie et les libertés», soulignant qu’il serait pour le «moins regrettable» qu’une simple compétition sportive soit la cause de débordements et de comportements «dramatiquement irresponsables».
Sur un autre plan, les quartiers de la banlieue parisienne organisent, pour leur part, une CAN des quartiers. Que ce soit à Evry, Créteil ou Aulnay-sous-Bois, des tournois sont organisés depuis avril qui suscitent même l’intérêt de joueurs professionnels et prennent de l’ampleur grâce aux réseaux sociaux. Des équipes sont formées dans ces quartiers en fonction des nationalités d’origine de leurs familles et s’affrontent dans une compétition basée sur le format de la CAN.
R. S.
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