Comment le hirak va-t-il contrer la récupération de la CAN par le pouvoir ?
Par Houari A. – La passion des Algériens pour leur équipe nationale de football sera aujourd’hui à son paroxysme avec le match décisif qui opposera les Fennecs aux Super Eagles du Nigeria. Après les images des manifestations de joie qui ont suivi la qualification en demi-finales, on peut imaginer ce que sera l’ambiance qu’il y aurait dans les rues de toutes nos villes, et même en outre-mer, si les Verts se qualifiaient encore cette fois-ci.
Il va de soi que le gouvernement ou le pouvoir, incarné aujourd’hui par l’état-major de l’ANP, tente, aujourd’hui plus que jamais, de «récupérer» l’événement politiquement pour chercher à obtenir un hypothétique «répit» de la rue qui ne cesse, depuis plus de quatre mois, de réclamer son départ.
Le pouvoir n’attend pas les résultats du match pour agir dans ce sens. Cette idée du «pont aérien» pour transporter des supporters algériens en Egypte à partir des quatre principales villes du pays, et qui devrait être renforcé par l’envoi de six avions militaires en cas de qualification en finale, s’inscrit bien dans ce cadre. Elle a déjà été essayée du temps de Bouteflika, lors du fameux match contre l’Egypte à Oum Dormane en 2009, avec toujours l’appui de l’armée, et a été bien profitable politiquement pour le Président qui voulait, à cette époque, obtenir son troisième mandat en violation de la Constitution.
En face, beaucoup de gens se disent soucieux de ces manœuvres destinées à «dompter» progressivement le hirak, au point que certains en arrivent à souhaiter, au fond d’eux, l’élimination de l’équipe nationale. «Cette attitude défaitiste et par trop naïve ne fera qu’affaiblir l’élan patriotique qui anime le mouvement populaire et renforcer, par-là même, le pouvoir en place et l’aider à se relégitimer», notent des sources proches du mouvement de contestation.
«Au lieu de ruminer une éventuelle défaite de l’équipe nationale de football, n’est-il pas plus judicieux et plus intelligent, de leur part, d’accompagner cette ferveur nationale qui se révèle inextinguible et, pourquoi pas, de penser à l’exploiter à bon escient, c’est-à-dire pour entretenir la flamme du mouvement citoyen ?», s’interrogent nos sources.
H. A.
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