L’équipe nationale et nous
Par Nazim Maiza – La «crise politique» ne semble plus avoir de retentissements sur le quotidien des Algériens qui n’en démordent pas, sinon comment expliquer cette ambivalence émotionnelle qui pèse et rééquilibre un pays que nous découvrons bancal ?
C’est à croire que tout vient pour confirmer la légitimité de l’inlassable mouvement populaire, en vérité, la bonne étoile du hirak n’est pas près de s’effondrer sur elle-même. Beaucoup croyaient voir le pays sombrer dans le «trou noir» que représente cette singularité qui motive la foule chaque semaine. C’est le contraire qui se produit, aujourd’hui, devant nous au grand dam des «indus nantis» qui avaient misé sur la répression sanglante, en vérité le halo de la volonté et du pacifisme populaire protège toujours les Algériens battants aujourd’hui bitume.
Le hirak algérien est une singularité pour la simple raison que la situation politique que traverse le pays est inédite et exclusive à l’Algérie.
L’équipe nationale de football en résume clairement la dimension temporelle en cette saison brulante de rebondissements. A voir nos joueurs sur le terrain, il est difficile pour un quidam, ailleurs sur terre, de croire que le pays traverse une phase hautement critique et, à vrai dire, dangereuse.
L’austérité de «l’écorché vif» Belmadi devant les caméras malgré le succès de son groupe dépeint l’état d’esprit et de ce que veut tout un peuple. Les discours de l’entraîneur de l’EN ne sont nullement édulcorés ni plaisants, car dénués d’artifices, mais cela ne l’empêche pas de réussir là où beaucoup bien plus «éloquents» et «spectaculaires» ont échoué.
En extrapolant légèrement sans perdre le signal en cette CAN, pour l’Algérie en ce moment précis, dans la gestion de l’Etat, il est préférable d’avoir quelqu’un comme le coach national, cash et sans détours, que de se coltiner des clowns maléfiques sans conscience ni scrupules aucuns.
Certes, nous sommes heureux de voir l’Algérie briller telle Sirius en terre d’Egypte, c’est un fait incontestable. Cela dit, ce n’est pas le plus important dans la configuration nationale actuelle. Le périple footballistique de l’EN ne va point éteindre les braises qui entretiennent le foyer de la colère populaire qui rythme la chronique hebdomadaire en cette année de tous les miracles. Ici et là, les naufragés épars du bateau ivre qui a mené le pays sur les rochers du réalisme sociologique essaient «géométriquement» et sans vergogne de changer de bord et trouver une autre embarcation pour en parasiter les calles et perpétuer le régime inique de l’odieux pouvoir léonin.
A les lire sur les tabloïdes nationaux, nos «Alexandre Selkirk» des temps modernes détiennent les secrets des horloges et semblent pouvoir répondre aux exigences du peuple. Que nenni, rien ne sera plus comme avant et cela même si le hirak échouait par je ne sais quel miracle en faveur des malotrus en «redevenir». La tendance est dans la continuité de l’expression du ras-le-bol collectif quel qu’en soit le résultat de vendredi, avec une victoire en finale de la CAN.
Même sans cela, les victoires pharaoniques de l’EN sur la terre d’Egypte en sus de l’inépuisable hirak, suffisent amplement. Les Algériens coupent court à la routine assassine tout en faisant renaître tel le Phoenix l’essence même de l’existence, à savoir l’espoir.
C’est quand même une drôle d’époque que nous vivons. Elle est bien meilleure que l’ère du conformisme sous l’indigénat prime collégial de Bouteflika et comparse.
N. M.
Comment (4)