Implications durables
Par Bachir Medjahed – Les regards n’ont jamais cessé de s’orienter vers l’armée à chaque fois que s’ouvre une crise apparemment insurmontable. Jamais les espoirs n’ont reposé sur le Parlement, ni sur une autre quelconque institution. Si l’armée ou ses dirigeants ont fait reposer leur pouvoir de dissuasion sur la menace de l’emploi des moyens de force – du moins cela a été perçu ainsi –, cela signifierait-il que l’institution de défense est décidée à ne jamais se désister de son «droit» à désigner le président de la République ?
Dans ces conditions, il nous restera à subordonner toute la politique interne aux questions de sécurité et toutes les relations internationales aux questions de défense. Serait-ce qu’ainsi que se définit l’Etat militaire par rapport à l’Etat civil ?
Le débat est inexistant sur cette question précise car il est ignoré autant par les manifestants que par le chef d’état-major, ce qui voudrait dire que la nature même de l’Etat fait l’objet de contradictions mutuellement mortelles.
Etat civil. Etat militaire. Quel contenu pour chacun de ces concepts ? Notre ignorance est la rançon de notre fuite devant le débat, notamment sur de tels sujets qui ont des implications durables sur l’avenir. C’est ainsi que nous versons dans une interminable polémique. Pourtant, les moyens intellectuels, aussi bien chez les militaires que chez les civils, existent pour n’avoir pas à s’opposer et courir le risque de créer des situations de face-à-face, au maximum, ou de dos-à-dos, au minimum.
Au lieu d’ouvrir un espace de dialogue civilo-militaire ou, plutôt, d’institutionnaliser un tel espace, continuer à s’ignorer comporte bien le risque de création d’une situation où on aura plutôt besoin de se rencontrer pour un plan de paix devant l’obsolescence d’un plan de dialogue.
B. M.
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