Le ministre de l’Enseignement supérieur impose une lourde réforme sans débat
Par Saïd N. – Ce qui s’apparentait, il y a quelques semaines, à un discours populiste du nouveau pouvoir pour compenser son déficit de légitimité commence à se traduire concrètement sur le terrain, sans débats préalables, ni engagement politique sérieux.
Dans une directive du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique adressée à l’ensemble des responsables des établissements universitaires, datée du 21 juillet 2019, le ministre leur enjoint d’utiliser l’anglais à la place du français, dans les bordereaux de leurs correspondances et autres documents officiels (diplômes, bulletins de notes, affichages, courriers…). Ainsi, la langue française disparaîtra totalement de tous les documents officiels émanant des établissements universitaires, puisque les textes seront toujours établis en langue arabe.
Cette première mesure semble s’inspirer du discours «anti-français» brandi par les détenteurs actuels du pouvoir pour tenter de séduire les nouvelles générations, supposées acquises à l’usage de l’anglais en tant que langue d’enseignement à la place du français, que les promoteurs de ce discours s’escriment à présenter comme un legs du colonialisme français ou encore comme «un signe d’aliénation culturelle et civilsationnelle». Un discours qui ne laisse pas indifférents les milieux islamistes qui, eux, n’ont jamais cessé de faire la promotion de l’anglais comme première langue étrangère en Algérie.
Ce processus de «francisation» avait franchi une première étape par l’organisation d’un sondage par Internet sur cette option d’utilisation de l’anglais à l’université. Initié par le ministère de l’Enseignement supérieur, le sondage a révélé que 94% des votants sont favorables à l’utilisation de la langue de Shakespeare à la place de celle de Molière dans l’enseignement supérieur en Algérie.
S. N.
Comment (226)