Persistance de la crise : Benflis évoque une «situation d’urgence absolue»
Par Mounir Serrai – Ali Benflis, président de Talaie El-Houriyet, estime qu’il n’y a pas de temps à perdre pour aller vers les véritables solutions à la crise politique qui secoue le pays. Dans une tribune publiée ce mardi 23 juillet dans le quotidien El-Watan, Ali Benflis souligne ainsi que la crise de régime entamera bientôt son sixième mois et qu’il est «parfaitement erroné» de prétendre qu’un semestre c’est peu et que cela ne compte pas dans les longs parcours des nations.
«Par temps de grave crise, chaque jour, chaque semaine et chaque mois qui passent pèsent plus que d’ordinaire», poursuit l’ancien chef de gouvernement pour lequel l’Algérie n’a pas le temps pour elle, et c’est une évidence. «Aujourd’hui, cinq mois après que la crise de régime eut produit ses premiers effets, chacun d’entre nous peut constater avec beaucoup de regret et de frustration que les solutions qui étaient à portée de main se sont éloignées et que celles disponibles actuellement ont gagné en difficulté, en complication et en complexité», souligne Benflis qui considère que la crise demeure essentiellement politique.
Mais, avertit-il, elle a incontestablement le pouvoir d’agir en facteur déclenchant sur d’autres crises latentes ou potentielles de nature économique et sociale. «C’est là que réside sans conteste le danger le plus grave et le plus imminent qui menace notre pays. Le règlement de la crise politique n’est pas seulement vital en soi ; il l’est aussi pour prémunir notre pays contre une entrée inévitable dans l’engrenage de la crise économique et sociale dont tous les mécanismes se mettent inexorablement en place», met en garde l’ex-candidat à la présidentielle de 2014.
Benflis poursuit son analyse en affirmant que «toutes les situations auxquelles est actuellement confronté notre pays au plan politique comme aux plans économique et social sont des situations d’urgence absolue». Mais, même dans ces situations d’urgence absolue, soutient-il, «il y a des gradations et, tout au haut de l’échelle, il y a la crise politique dont le règlement impératif et prioritaire conditionne tout le reste». «En effet, c’est avec le règlement de cette crise politique que s’ouvriront les perspectives, que se dégagera le chemin et que s’offriront véritablement les conditions de la prise en charge et du traitement de la crise économique et sociale», préconise Benflis qui se dit «résolument convaincu» qu’une fois la crise politique surmontée et dépassée, «l’on réalisera très vite que le plus dur reste à faire».
«Il y a bien sûr la transition démocratique à conduire, le nouveau régime politique dont il faudra poser les fondements et l’encadrement constitutionnel approprié dont il faudra le doter. Tout comme il y a un nouveau régime politique à inventer, il y a un nouveau modèle économique à bâtir et un nouveau modèle social à repenser comme destinataire ultime des bienfaits de la transformation politique et de la modernisation économique», relève le président de Talaie El-Houriyet qui appelle à un «nouveau pacte national dont le pays a besoin».
M. S.
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