Les résidus du FIS déclarent le président tunisien Béji Caïd Essebsi «apostat»
Par Saïd N. – Les activistes du FIS ont trouvé dans la mort du président tunisien, Béji Caïd Essebsi, une occasion inespérée pour essayer de faire entendre leur voix dans le débat tumultueux qui agite le pays depuis quelques mois et qui les a presque totalement éclipsés, en dépit de quelques tentatives désespérées d’investir le terrain et de conduire le mouvement de protestation.
Ils ont choisi ce moment de grande incertitude politique pour reprendre les discours d’excommunication qui ont fait, en Algérie, des dizaines de milliers de morts. Ainsi, plusieurs activistes et animateurs de pages Facebook se revendiquant de cette mouvance ont appelé à ne pas enterrer le défunt chef d’Etat tunisien dans un cimetière musulman, sous prétexte qu’il n’était pas croyant ou qu’il avait combattu l’islam durant son règne.
Premier à avoir lancé cet appel, le prédicateur extrémiste Abdelfattah Hamadache qui a carrément édicté une fatwa décrétant illicite l’enterrement du chef d’Etat tunisien dans un cimetière musulman, et interdisant de fait toute prière sur sa dépouille car, pour lui, Essebsi «est un ennemi de l’islam».
Ce fanatique interdit d’antenne en Algérie, après son fameux appel au meurtre lancé contre l’écrivain Kamel Daoud, ne s’est pas gêné de jeter l’opprobre sur le Président tunisien dès l’annonce de son décès, dans la matinée de jeudi, en rappelant des citations attribuées à Essebsi défendant le principe d’un Etat civil «refusant toute référence à la Charia».
D’autres activistes du FIS ont relayé le même appel à la haine, demandant aux musulmans de ne pas se recueillir sur le corps de Béji Caïd Essebsi. «Il ne faut pas se recueillir sur un impie déclaré et un apostat qui, comme Dieu l’a promis, ira en enfer», lit-on dans un post publié sur une page animée par des «amis du FIS», avant d’appeler à ne pas prier sur lui, ni dans la mosquée ni au cimetière.
Ces extrémistes accusent Essebsi d’être un «continuateur» de Bourguiba et ne lui pardonneront pas d’avoir initié la loi sur l’égalité de l’héritage entre l’homme et la femme. Un acte qu’ils considèrent comme une atteinte à l’esprit du Coran.
S. N.
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