Panel du dialogue : Djabi et Salhi expliquent leur position
Par Mounir Serraï – Le sociologue Nacer Djabi et le défenseur des droits de l’Homme Saïd Salhi reviennent sur les contacts relatifs à la constitution du panel de dialogue national. Affirmant avoir été contactés pour y faire partie, ces deux personnalités présentes dans le hirak expliquent ce qu’il s’est passé et pourquoi elles ne sont pas dans le panel annoncé, jeudi, par Karim Younès, ancien président de l’APN.
Nacer Djabi estime que les choses se sont faites dans la précipitation et que les contacts ont été trop rapides pour permettre à chacun de mûrir sa position. Djabi souligne avoir fait état à ses «contacts» de quelques préalables à sa participation à ce panel de dialogue dont la libération de tous les détenus d’opinion et l’arrêt des restrictions sur les médias. Djabi affirme également avoir demandé qu’il y ait une entente sur la composante et l’organisation du panel. Le sociologue regrette ainsi que le contact ait mal passé et que les choses ne se soient pas déroulées comme prévu.
De son côté, le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, raconte comment il a été contacté et ce qu’il a posé comme conditions. «J’ai été contacté par Karim Younès en ma qualité d’acteur de la société civile pour faire partie d’une commission de médiation pour préparer les bonnes conditions d’un dialogue». «Après une concertation avec des militants proches, j’ai répondu favorablement à une première discussion informelle», ajoure Salhi pour lequel il était question d’une initiative de médiation indépendante qui explorerait les voies et moyens pour préparer les conditions et le climat en vue d’amorcer un dialogue sérieux et ouvert pour une solution politique pacifique et négociée entre le pouvoir et la rue (société).
«J’ai noté que nous-mêmes, dans nos initiatives de la société civile, nous avons plaidé pour le dialogue, et même pour une instance de médiation, du fait que le dialogue est bloqué à partir du moment où le chef de l’Etat est rejeté par la rue, et le chef de l’état-major, qui incarne le pouvoir réel, refuse lui-même d’engager l’armée et de négocier une solution politique», poursuit Salhi qui affirme qu’avant toute initiative de médiation il est impératif de satisfaire les préalables mis en avant par le hirak, qui ne sont pas négociables : la libération de l’ensemble des détenus d’opinion et politiques, l’ouverture du champ politique et médiatique, la levée des restrictions des libertés publiques et l’arrêt de la répression, qui sont en fait des mesures d’apaisement qui seront des signaux et des gages de bonne volonté du pouvoir pour aller vers une médiation qui est une étape préliminaire à un dialogue ouvert.
«Nous avons convenu de rester intransigeants sur l’ensemble des préalables et nous avons ajouté, comme autre préalable, l’exclusion de la médiation les partis de l’alliance présidentielle. J’ai discuté avec Younès de ce retour et des préalables ; des premières divergences sont apparues au sujet de la mise en œuvre des préalables, plus exactement des mesures d’apaisement, sur la formalisation du panel, sur son mandat. J’ai pris alors la décision de me retirer», précise Salhi, tout en restant convaincu des vertus de la médiation et du dialogue, «toujours en cohérence avec notre mandat en tant qu’acteur de la société civile et, surtout, en phase et fidèle au hirak. Il dit «souhaiter vraiment que cette autre initiative ne complique pas plus la situation, déjà difficile».
M. S.
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