Karim Younès : «Je suis plus soucieux du futur de mon pays que du présent de ma propre image»
Par Mounir Serraï – Karim Younès, qui coordonne le panel de médiation pour le dialogue national, répond aux nombreuses critiques de forces politiques quant au sérieux et à la sincérité de sa démarche.
«L’histoire est une roue qui se déroule sans fin et nul ne peut entraver sa course ni l’empêcher d’atteindre son destin», affirme-t-il d’emblée. «Je suis plus soucieux du futur de mon pays que du présent de ma propre image. C’est alors, en mon âme et conscience que je me suis senti obligé… l’obligé de mes compatriotes, l’obligé de nos enfants, adultes en devenir, exclusivement», précise-t-il, regrettant la «manière inique dont certains opèrent».
«Même si je dois encore être victime de mise en accusation, je continuerai à agir de façon équitable en dépit de la manière inique dont certains opèrent car je me veux engager dans ce processus qui vise à prendre à bras le corps la réalité telle qu’elle est», soutient Karim Younès qui se dit «triste» de constater que son appel à l’action se transforme en appel à la réaction.
«L’homme instruit par l’Histoire sait que la société est transformée par l’opinion, que l’opinion ne se modifiera pas toute seule et qu’un seul individu est impuissant à la changer…», ajoute-t-il, assurant que «plusieurs hommes opérant ensemble dans le même sens peuvent modifier l’opinion. Cette connaissance lui donne le sentiment de son pouvoir, la conscience de son devoir et la règle de son activité qui est d’aider à la transformation de la société dans le sens qu’il regarde comme le plus avantageux.»
«Tenter d’obtenir la libération de jeunes manifestants pour avoir porté le drapeau de ses couleurs identitaires est une tare ? De faire arrêter les violences policières sur les manifestants est une hérésie ? Faire sauter les verrous qui empêchent l’accès de la capitale les jours de marche, une faute grave ? D’appeler à l’ouverture des médias aux opinions qui courent dans la société une ineptie ? De porter la voix de millions d’Algériens pour le départ de l’actuel gouvernement, une lubie ? Que veut-on au juste ? De laisser tous ses leviers de pouvoir au pouvoir que l’on veut abattre ?» s’interroge-t-il de manière ironique.
«Non, je ne suis pour ma part ni le pouvoir ni son émissaire. Je suis seulement un citoyen appelé à apporter sa contribution aux côtés des hommes et des femmes de bonne volonté pour faire aboutir la lutte enclenchée de longue date, impulsée par la révolution de février 2019», souligne-t-il, répondant ainsi à ceux qui l’accusent d’être un «émissaire du pouvoir».
Karim Younès refuse donc d’abandonner ni de se laisser décourager par l’avalanche de critiques qui vise son initiative. «Que ceux qui pensent détenir la vérité, en s’installant dans le confort du censeur fassent mieux. J’applaudirai à leur succès», conclut l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale.
M. S.
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