Panel mort-né, réponse de Toumi à la justice : l’Etat se désagrège à vue d’œil
Par Karim B. – Deux événements fortement médiatisés ont marqué l’actualité ces dernières vingt-quatre heures. D’abord, la réponse de Khalida Toumi à la justice qui, dans un communiqué, informait que l’ancienne ministre de la Culture n’avait pu être auditionnée par le juge d’instruction en raison de son absence. L’agence de presse officielle relevait que cette dernière se trouvait en France, avant de démentir l’information en précisant qu’elle était toujours chez elle, à Alger, et qu’elle n’avait pas quitté le pays depuis au moins une année.
Ce cafouillage indique que la justice est débordée par les affaires qu’elle traite depuis la démission du président Bouteflika et l’injonction claire du commandement de l’armée d’ouvrir les dossiers de ceux que le chef d’état-major de l’ANP a qualifiés d’îssaba (clan ou bande), un terme repris en chœur par les manifestants du hirak qui ont, néanmoins, fini par comprendre la manœuvre des tenants actuels du pouvoir, émanation du système dont les citoyens exigent l’éradication.
La justice se retrouve avec des dizaines d’affaires à traiter dans le cadre de cette lutte contre la corruption qui épargne cependant – du moins jusqu’à présent – certains membres de l’oligarchie dont les intérêts ne sont nullement touchés et qui, au contraire, continuent de jouir de leurs privilèges acquis en s’arrimant au régime «déchu» au sein duquel ils continuent de prospérer.
Des hommes d’affaires ayant bénéficié de leur proximité avec le clan présidentiel, fortement adossé au commandement actuel de l’armée, ont été jetés en pâture pour tenter de calmer la rue. Mais cette lutte «sélective» contre la rapine et la prévarication est dénoncée chaque vendredi par des millions de citoyens qui réclament que toute la vérité soit faite sur ce phénomène qui a gangréné l’économie nationale et entamé ses fondements.
Sur ces entrefaites, le panel mis sur pied par le pouvoir se lézarde chaque jour un peu plus. L’économiste probe et patriote Smaïl Lalmas a décidé de se retirer de cette instance controversée qui lui a valu les reproches des manifestants. Ces derniers, qui lui vouent un grand respect, l’ont prié de ne pas se compromettre dans les manœuvres échafaudées par le pouvoir en place pour contourner la contestation populaire dans le cadre d’une contre-révolution visant à sauver les vestiges du régime Bouteflika.
Le concerné a expliqué qu’il n’avait aucunement l’intention de nuire au hirak, dans un message adressé au peuple. «En l’absence d’une réponse positive aux revendications populaires concernant les mesures d’apaisement nécessaires pour garantir le succès du processus de dialogue, et vu les pressions que j’ai subies depuis l’annonce de la mise en place du panel, j’ai décidé de me retirer et de démissionner de cette commission de dialogue à partir de cet instant», a expliqué l’économiste. «J’ai essayé de toutes mes forces d’aider à sortir mon pays de la crise, mais cette tâche est au-dessus de mes capacités», a-t-il regretté avant de prier Dieu qu’Il protège l’Algérie.
Le nouveau discours de Gaïd-Salah invectivant le hirak contredit complètement les appels au dialogue que le commandement de l’armée a chargé le chef de l’Etat intérimaire de «vendre» à l’opinion publique. La démission de Karim Younès est dans l’air et Abdelkader Bensalah assumera un second échec après le fiasco du premier rendez-vous raté du Club des Pins.
Le peuple ne lui laissera pas une troisième chance.
K. B.
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