Cet historien français qui s’acharne sur l’ONM ou le venin colonialiste de Lugan
Par Saïd N. – La polémique enfle entre le nouveau secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Bennelhadj, et l’historien français néocolonialiste Bernard Lugan, suite à la déclaration faite par l’ONM, le 15 juillet dernier, appelant le Parlement à voter une loi criminalisant la colonisation française.
Ainsi, à la suite de la publication de deux communiqués sur le blog de l’historien, les 18 et 12 juillet dernier, où le secrétaire général de l’ONM est qualifié d’«apparatchik» et son organisation d’«appendice du système», ce dernier lui a répondu dans une vidéo en traitant l’historien français d’«impérialiste» et de «réactionnaire».
Bernard Lugan est revenu cette semaine avec un long commentaire, en s’attaquant avec une étonnante violence à toute l’organisation des moudjahidine et en remettant en cause toutes les données et statistiques algériennes sur la Guerre de libération nationale. Ce fervent partisan de la loi du 23 février 2005, glorifiant «les aspects positifs de la colonisation», estime d’entrée que l’ONM, qu’il qualifie cette fois-ci d’«organisation faux-nez du Système algérien», met en cause la France avec une violence «encore jamais atteinte dans l’histoire des complexes relations franco-algériennes».
Très pernicieux, l’auteur se réfère à des déclarations de certains politiques algériens remettant en cause les chiffres officiels concernant le nombre de moudjahidine et de martyrs pour arriver à la conclusion que toutes les revendications algériennes s’agissant de la colonisation ne sont pas à prendre au sérieux. Sur un ton ironique, il écrit : «L’importance de ce budget (celui du ministère des Moudjahidine, Ndlr) s’explique en partie par les pensions versées à plus de deux millions d’ayants-droit car, paradoxe algérien, au lieu de diminuer, selon la loi naturelle voulant que plus on avance dans le temps, moins il y a de gens qui ont connu Napoléon…, en Algérie, tout au contraire, plus les années passent et plus le nombre des anciens combattants augmente…»
Dans son argumentaire, l’historien s’appuie également sur l’affaire Mellouk, du nom du juge Benyoucef Mellouk, qui a dénoncé 312 de ses confrères ayant reconnu, contre rétribution, la qualité de moudjahidine à un nombre considérable de faux demandeurs. Il qualifie confusément tous ceux qui ont obtenu leur carte de moudjahid de «prébendiers», voire d’«imposteurs» qui servent d’«ossature populaire» au système en place, et accuse l’ONM de «vivre sur le mensonge».
«Pour le Système algérien, conclut l’historien, la dénonciation de l’ONM et des faux moudjahidine représente un danger mortel puisque sa légitimité repose sur sa propre version de la guerre d’indépendance. Or, l’ONM est le principal vecteur de cette histoire reconstruite. Quant à ses dociles responsables nommés, ils ont pour mission de cautionner, de populariser et d’ancrer le mensonge sur lequel s’engraissent les profiteurs et les corrompus qui dirigent l’Algérie».
Le secrétaire général de l’ONM va-t-il encore répliquer à cet historien ?
S. N.
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