Comment le statu quo imposé par le pouvoir menace l’économie de faillite
Houari A. – Le constat du président de l’Organisation algérienne de défense et d’orientation des consommateurs est plus qu’alarmant. Selon lui, les dépenses des ménages ont reculé de 70% ces dernières semaines, ce qui augure une catastrophe imminente.
Mustapha Zebdi a affirmé que de nombreux industriels l’ont contacté pour s’informer sur les raisons de cette dangereuse crise qui risque de provoquer une vague de licenciements des travailleurs sans précédent si elle n’est pas résorbée au plus tôt.
L’opération politicienne qui a consisté à mettre plusieurs oligarques ayant profité de leur proximité avec le clan présidentiel et bénéficié d’avantages sans limites sous Bouteflika a eu l’effet contraire à celui qui était escompté par le chef d’état-major de l’armée qui a voulu se servir de cette action ultra-médiatisée pour s’imposer comme le «sauveur» de la nation. L’opinion publique qui, au début du hirak, appelait Gaïd-Salah à «remplir les prisons», a fini par comprendre que l’arrestation d’anciens ministres et d’une poignée d’hommes d’affaires véreux réclamée par les manifestants était de la poudre aux yeux.
Plus grave, la célérité avec laquelle l’institution judiciaire a traité les affaires liées à la corruption, au détournement des deniers publics, au trafic d’influence et autres indus avantages obtenus sous le règne de Bouteflika fait planer de sérieux doutes sur l’objectif inavoué de ce «nettoyage» qui s’apparente moins à une lutte contre la rapine et la prévarication qu’à une opération de charme à l’endroit des citoyens pour faire accroire à la fin de l’impunité et à l’avènement d’une nouvelle ère fondée sur la justice sous les bienveillants auspices du commandement de l’armée.
De nombreuses sources ont affirmé à Algeriepatriotique que le nombre de désinvestissements de firmes étrangères a atteint des proportions inquiétantes ces derniers mois. A cela s’ajoute le ralentissement des activités des industriels nationaux qui attendent d’y «voir plus clair» et, surtout, du refus de nombreux responsables au sein des institutions et des entreprises publiques de se compromettre, en refusant de signer quoi que ce soit qui pourrait les conduire en prison, bloquant ainsi la machine économique.
Le statu quo induit par le refus du chef d’état-major de l’ANP de répondre aux exigences des millions de citoyens qui battent le pavé depuis le 22 février, et qui menacent désormais de recourir à la désobéissance civile, fait peser de graves menaces sur la stabilité du pays. Le départ des symboles militaires et civils du régime Bouteflika, réclamé par le peuple depuis plus de cinq mois, devient de plus en plus urgent.
H. A.
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