Panel de dialogue : l’avocate Benbraham a-t-elle pris la place de Karim Younès ?
Par Saïd N. – L’entrée en scène tonitruante de l’avocate Fatma-Zohra Benbraham dès le premier jour de son arrivée à l’instance de dialogue et de médiation, en se prononçant sur des questions aussi sensibles que celle des détenus d’opinion, suscite des interrogations.
Cette avocate s’est non seulement substituée au président de cette instance, en l’occurrence Karim Younès, qui était jusque-là le seul à s’exprimer devant la presse sur des décisions ou des appréciations engageant l’ensemble du panel mais elle est, surtout, venue remettre en cause la revendication essentielle sur laquelle s’appuyait l’instance et qui la rapprochait du mouvement de protestation populaire.
Parlant en tant que juriste, Fatma-Zohra Benbraham affirme ainsi, contrairement à ce que disaient ses coéquipiers, qu’il n’y a aucun détenu politique en Algérie, puisque toutes les personnes qui ont été arrêtées pendant les manifestations sont, selon elle, poursuivies pour des délits relevant du droit pénal, tels que les vols, les agressions physiques, le harcèlement sexuel ou encore l’outrage à corps constitué, pour parler du cas du port du drapeau amazigh. L’avocate élude le cas du moudjahid Lakhdar Bouregâa, incarcéré pour des propos tenus en public contre la politique du chef d’état-major de l’armée.
Cette montée fulgurante de la sulfureuse avocate marque à la fois l’alignement définitif et inconditionnel de l’instance de dialogue et de médiation sur la démarche autoritaire du pouvoir, qui n’accepte aucune concession ni aucun dialogue avec les représentants du hirak, et le début d’une mise à l’écart de Karim Younès dont le maintien à la tête du panel n’est que de pure forme depuis qu’il a annoncé sa démission, avant d’y renoncer, sous la l’insistance de ses collègues.
S. N.
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