Interdiction de l’emblème amazigh en Algérie : les Marocains s’en mêlent
Par Houari A. – L’arrestation d’une soixantaine de manifestants pour port de l’emblème amazigh lors des dernières marches, dont certains sont menacés de lourdes peines allant jusqu’à dix ans de prison ferme, ne laisse pas indifférents les activistes du mouvement culturel amazigh marocain.
Plaidant pour la libération des détenus algériens, ces militants marocains estiment que cette mesure coercitive dictée par le pouvoir «n’est qu’une manœuvre pour détourner le mouvement populaire de ses objectifs initiaux et créer des contre-feux au lieu de résoudre les problèmes essentiels et imaginer une sortie de crise».
A ce propos, le président de l’association Tamaynut, Abdallah Sabri, considère, dans une déclaration à la presse marocaine, que «le drapeau amazigh est un drapeau international et une expression d’appartenance à un espace bien déterminé qui symbolise une culture marginalisée qui souffre de discrimination», tout en tenant à souligner que «les mouvements amazighs ont toujours affirmé qu’ils n’ont rien à voir avec l’idée du séparatisme».
Commentant la peine de prison requise par le tribunal d’Annaba à l’encontre de manifestants poursuivis pour port du drapeau amazigh, annoncée lundi dernier, Abdallah Sabri trouve que c’est «une grave atteinte aux droits de l’Homme», en rappelant qu’il n’existe aucun texte juridique incriminant le déploiement d’un drapeau identitaire, et que le drapeau amazigh se vend en Algérie depuis des décennies.
Sur le même ton, Abdallah Badou, président du Réseau amazigh pour la citoyenneté, juge que ce durcissement des autorités algériennes contre le port de l’emblème amazigh est une «vaine tentative de détourner l’opinion vers des sujets controversés, tels que l’identité, la culture et la religion, en vue de semer la discorde et la division entre les différentes composantes du hirak et de disperser leurs forces».
Le même militant estime que le déploiement en grand nombre du drapeau amazigh en Algérie est un rempart contre les courants conservateurs hostiles au pluralisme linguistique et à la diversité culturelle en Algérie mais, aussi, dans toute la région du Maghreb».
H. A.
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