Apprenons !
Par Saïd N. – Nos voisins de l’Est sont en train de faire de grands pas en avant dans la démocratisation de leur pays, malgré la crise économique qui étreint le pays et la menace terroriste qui le guette. Au moment où des observateurs internationaux, échaudés par les expériences des pays voisins comme l’Algérie, prédisaient une transition chaotique après la mort du président Béji Caid Essebsi, les Tunisiens ont surpris tout le monde, d’abord en gardant le cap sur l’alternance démocratique au pouvoir mais, surtout, en présentant à la prochaine élection présidentielle des candidats dont le profil nous laisse tout simplement jaloux, nous qui peinons à entamer une transition digne de ce nom, quatre mois après la démission de l’ancien chef de l’Etat.
Deux belles leçons se dégagent de cette nouvelle expérience tunisienne. La première est la candidature, décomplexée et dépassionnée, d’un ministre de la Défense de l’actuel gouvernement, Abdelkrim Zbidi, un civil soutenu par le parti au pouvoir Nidaa Tounes. Il aura à confronter, entre autres, son chef de gouvernement, Youssef Chahed, soutenu, lui, par son parti, Tahya Tounes.
Cette posture paraît totalement improbable en Algérie où le poste de vice-ministre de la Défense est occupé par le chef de l’armée, lequel dicte sa politique à tout le gouvernement.
La deuxième leçon concerne la candidature, déposée à la dernière minute, du vice-président du mouvement islamiste Ennahda, le très éclairé Abdelfattah Mourou. On peut conjecturer longuement sur le choix tactique de cet homme, à la place du leader du mouvement, le fondamentaliste Rached Ghanouchi, mais c’est un choix qui marque une évolution historique chez les islamistes tunisiens qui auraient finalement compris qu’ils n’ont aucun intérêt à s’aligner sur la politique néfaste des Frères musulmans, ni à reproduire le modèle déjà éprouvé en Egypte et dans d’autres pays de la région, avec les résultats catastrophiques que l’on connaît.
C’est aussi un bel exemple dont doivent s’inspirer nos islamistes qui n’arrivent pas à se défaire de leur dogmatisme religieux et idéologique et qui semblent incapables de s’émanciper.
S. N.
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