Elite et démocratie directe pour faire triompher la Révolution
Par Youcef Benzatat – Le soulèvement populaire qui dure depuis le 22 février à réussi à franchir les phases cruciales du déclenchement d’un processus révolutionnaire, successivement en impliquant la grande majorité de la population, en ayant atteint la maturation par la structuration de son objectif principal qui est le changement du système de pouvoir et en étant parvenu à sa consolidation en persévérant dans la mobilisation tout en déjouant, à chaque fois, les ruses du pouvoir pour détourner la Révolution de son objectif. Les mardis et vendredis résonnent comme des piques de ce processus révolutionnaire pour laisser place, pendant le reste de la semaine, à la concertation populaire et l’organisation de la riposte aux ruses contre-révolutionnaires orchestrées par le pouvoir et véhiculés par l’état-major de l’armée en tant que détenteur du pouvoir réel.
La crise révolutionnaire engendrée par ce face-à-face entre le peuple et le pouvoir, qui est caractérisée par une radicalisation des positions des deux acteurs, dont l’un voudrait la continuité du système de pouvoir et l’autre son changement radical, est rentrée de plain-pied dans une phase avancée d’une crise révolutionnaire que caractérise la violence. De son côté, le pouvoir a mis en place un processus de répression, allant de l’interdiction de la liberté de mouvement de la population, par son empêchement à rejoindre les lieux de rassemblement, à la censure de la liberté d’expression, par l’incarcération des militants actifs pour leurs opinions politiques. En réponse à ce durcissement de la position du pouvoir, le peuple est tenté par un passage à l’acte dans la désobéissance civile.
Ce choix de la désobéissance civile s’avère être un choix par défaut et non pas un choix stratégique. Par défaut, car il est le résultat de la réaction violente du pouvoir, au lieu d’être une phase stratégique dans l’avancée du processus révolutionnaire.
Si la Révolution a réussi à franchir la phase cruciale de son déclenchement, sa maturation et sa consolidation, par la seule volonté du surgissement du peuple dans l’espace public, le passage à la deuxième phase révolutionnaire devrait naturellement doter la Révolution de représentants légitimes. Le peuple doit choisir des révolutionnaires pour le représenter. Il aura besoin de l’engagement de l’élite, par ses compétences et sa foi en la Révolution, à répondre à cet impératif. La démocratie directe semble tout indiquée pour répondre à cet objectif, tout aussi crucial que celui de la phase de déclenchement et de consolidation du processus révolutionnaire. Une élite élue directement par le peuple pendant les manifestations du vendredi et du mardi dans chaque wilaya, de sorte à élire 48 personnalités pour former un collège national de représentants de la Révolution. Il appartient aux élites de se manifester aux côtés du peuple et de prendre la parole dans l’espace publique et laisser ce dernier désigner spontanément l’élu de chaque wilaya. Ce collège de représentants du peuple aura pour mission de former un gouvernement de transition et d’assurer la transmission du pouvoir.
La réussite de cette deuxième phase du processus révolutionnaire, par l’élection directe d’un gouvernement de transition, élu par le peuple, aura pour vertu de positionner la Révolution sur un point de non-retour. Dans ce cas, l’état-major sera contraint de négocier avec un gouvernement élu par le peuple, car toute tentative d’organisation d’élection présidentielle unilatérale sera condamnée au boycott et donc à un échec assuré. D’autre part, l’élection directe d’un gouvernement de transition élu par le peuple ne laissera sans doute aucune porte ouverte à toute tentative d’ingérence extérieure intéressée.
Y. B.
Comment (13)