Qu’est-ce que le capitalisme ?
Le débat bat son plein sur les choix stratégiques à adopter pour le pays. Quelle voie l’Algérie devra-t-elle suivre après le changement proche du système pour l’éradication duquel des millions d’Algériens manifestent depuis près de six mois ? Le débat sur les options économiques futures s’est invité de lui-même. Un débat nécessaire pour en finir avec le dirigisme qui a mené le pays à sa ruine. Algeriepatriotique continue d’ouvrir ses colonnes à l’intelligentsia pour se réapproprier le pouvoir intellectuel par la réflexion et l’argument scientifique.
AP
Par Mesloub Khider – Certes internet, et plus précisément Wikipédia, sont devenus de nos jours des outils indispensables et incontournables pour qui veut obtenir rapidement des informations sur un sujet précis. Mais de là à les réduire en uniques sources dans l’acquisition de ses connaissances, l’assurance de se croire enfin cultivé risque vite de se transformer en illusions, en se confrontant au vrai savoir scientifique acquis, lui, au prix d’un laborieux travail intellectuel. Manifestement, si, autrefois, pour la rédaction d’une étude, d’un mémoire ou d’une thèse il fallait écumer plusieurs bibliothèques et avaler des dizaines d’ouvrages, aujourd’hui en quelques clics nous accédons à des milliers de liens susceptibles de nous apporter une quantité extraordinaire d’informations relatives à notre objet de recherche.
Par ailleurs, d’après certaines études, les étudiants usent et abusent de ce procédé dans la rédaction de leur mémoire ou thèse. En effet, nombreux sont les mémoires truffés de paragraphes, voire de pages entières, puisés directement sur internet et greffés ensuite sur leur mémoire au moyen du copier/coller (avec quelques modifications personnelles dans le style pour ne pas attirer les suspicions des professeurs). De même, les journalistes, par paresse intellectuelle, n’hésitent pas à recourir à ce stratagème pour la rédaction de leurs longs et touffus articles.
A lire certaines contributions, l’usage récurrent de cet artifice apparaît nettement dans leurs textes. D’où cette accumulation d’incohérences et de confusions dans l’enchaînement de leurs écrits, due à l’absence d’élaboration intellectuelle et rédactionnelle personnelle. La rigueur et surtout l’honnêteté intellectuelle exigent une posture éthique et authentique du rédacteur. Le décalquage et pillage doivent être proscrits. L’objectivité et la sincérité prescrites. Cela éviterait ainsi d’écrire des inepties sur des sujets pas du tout maîtrisés. Il ne suffit pas de parsemer son texte de phrases florissantes et fluorescentes, encore faudrait-il que le texte soit empli d’une sève qui exhale le savoir puisé dans les profondeurs du jardin des Connaissances.
«Le capitalisme n’est pas un rapport social, un rapport de production opposant ceux qui organisent le travail à ceux dont le travail est organisé. Le terme désigne la propriété privée des moyens de production…», écrit L’Hadi dans sa contribution datée du 12 août 2019.
Je préfère m’arrêter juste à ce passage. Voilà un exemple d’assertion qui ne repose sur aucun fondement économique, encore moins marxiste. C’est même une déformation de la définition du capitalisme. Même les économistes libéraux viscéralement ne professent pas de telles assertions.
Par commodité, et manque de temps, je préfère reproduire un texte déjà rédigé, puisé dans mes fichiers. Bien évidemment, le texte s’appuie sur les théories tirées d’un livre traitant de l’économie, œuvre d’un expert. Il permet de comprendre ce qu’est le capitalisme selon Marx.
Définition du capitalisme :
«Le Capital. «La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises.», Karl Marx, Le Capital, Livre I.
«Le capital n’est pas une chose, c’est un système social de production bien déterminé, appartenant à un type historique particulier de la société, système qui se manifeste dans un objet auquel il imprime un caractère social spécifique», Karl Marx, Le Capital, Livre III.
Définition, fonctionnement et contradictions du capital :
Le capital est un rapport social, plus précisément un rapport d’exploitation de la bourgeoisie sur le prolétariat, les deux principales classes qui composent la société moderne. Ces personnifications du capital et du travail salarié sont les produits des rapports sociaux de production.
Dans le livre III du Capital, Karl Marx distingue en premier lieu deux traits caractéristiques fondamentaux pour décrire le capital :
1) il produit des marchandises. Ce qui le distingue des autres modes de production. Le caractère dominant et décisif de cette production est d’être une production de marchandises. Cela implique en premier lieu que l’ouvrier lui-même apparaît uniquement comme vendeur de marchandises et, partant, comme ouvrier salarié libre, donc que le travail apparaît essentiellement en tant que travail salarié.
2) La production de la plus-value est son but direct et son mobile déterminant. Le capital produit essentiellement du capital, mais il ne le fait que dans la mesure où il produit de la plus-value. La production en vue de la valeur et de la plus-value implique la tendance toujours manifeste à réduire en toutes circonstances au-dessous de la moyenne sociale le temps de travail nécessaire à la production d’une marchandise, autrement dit sa valeur.
La tendance à réduire le coût de production à son minimum devient le principal levier de l’accroissement de la productivité sociale du travail mais cet accroissement se manifeste ici uniquement comme accroissement constant de la productivité du capital.
Lexique de concepts marxiens définissant le mode de production capitaliste :
Le capital constant est la part du capital investie dans les moyens de production et les matières premières nécessaires à la production.
Le capital variable (ou salaire) est la part du capital investie dans la force de travail. La seule marchandise qui créé de la plus-value est la force de travail.
Les outils et moyens de travail forment le capital fixe, ils ne transmettent qu’une part de leurs valeurs aux marchandises finales en fonction de la durée moyenne de leurs usures. Ces objets ne quittent jamais la sphère de production. Les matières premières, la consommation d’énergie nécessaire à la production forment le capital circulant, leurs valeurs est intégralement transférés aux marchandises mises en vente.
La composition organique du capital est le rapport entre le capital constant et le capital variable investi dans le circuit du capital (C/V).
La valeur est le rapport renversé de la force de travail à elle-même. Est source de valeur ce qui contribue à la reproduction de la force de travail. En tant que processus de valorisation, la valeur dans son ensemble est déterminée quantitativement par le temps de reproduction nécessaire à l’échelle de l’ensemble des forces productives, et qualitativement par sa contribution à la reproduction élargie des forces productives.
La reproduction est le renouvellement constant du processus de production. La reproduction simple est le renouvellement de la production sous un volume constant. La reproduction élargie signifie que la production se renouvelle dans un volume accru. C’est par l’exploitation du prolétariat que le capital grandit et, qu’en même temps, les rapports de production capitalistes se reproduisent sur une base élargie.
L’accumulation du capital est la source de la reproduction élargie. L’accumulation est l’addition au capital d’une partie de la plus-value sous forme d’investissements, visant à l’accroissement de la production : achat de moyens de production et embauche de main-d’œuvre supplémentaires (augmentation des forces productives). L’accumulation capitaliste aboutit à une élévation de la composition organique du capital.
Au centre des rapports sociaux de production se trouve la marchandise, laquelle possède une valeur d’usage et une valeur d’échange. La valeur d’usage correspond à l’utilité et à la satisfaction d’un besoin. La valeur d’échange est mesurée par le travail humain nécessaire à la production. Le coût de la force de travail est le dénominateur commun des échanges marchands.
M. K.
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