L’Etat militaire joue sa toute dernière carte

26e Marche comité des sages
Lors de la 26e marche des étudiants à Alger-Centre. PPAgency

Par Youcef Benzatat – A l’installation du «comité des sages», ce samedi 17 août, par le panel que l’état-major voudrait imposer au peuple pour un dialogue en vue de l’organisation au plus pressé de l’élection présidentielle, son président, Karim Younès, a tenu à préciser que cette instance aura pour mission, entre autres, de cautionner moralement la rédaction d’une charte qui sera signée par tous les candidats à la prochaine présidentielle.

Entendre, les futurs candidats à la prochaine élection présidentielle devraient se soumettre à la charte rédigée par un panel qui a été désigné par le pouvoir, représenté par l’état-major, sous la couverture du président par intérim, Abdelkader Bensalah. Ces conditions excluent d’emblée tout candidat qui refuserait de se soumettre à cette charte. Par extension, tout candidat au dialogue initié par ce panel devrait se soumettre lui aussi à l’esprit de cette charte, qui n’est pas déjà écrite au préalable, certes, mais dont l’esprit devrait s’inscrire dans la démarche entreprise par l’état-major de refuser toute transition qui remettrait en question le système de pouvoir en vigueur depuis l’accès à l’indépendance. A savoir que le pouvoir demeure sous contrôle de l’état-major, par l’intermédiation d’un pouvoir civil de façade qui serait encore une fois «élu» par des élections présidentielles sous son contrôle et sous ses conditions.

Lorsque l’on sait que tous les membres de ce panel sont des membres actifs de ce système de pouvoir ou d’anciens membres de celui-ci qui ont été repêchés pour la circonstance, il est clair qu’il n’y a rien à espérer d’eux pour qu’ils puissent influencer les conditions qui seraient imposées aux futurs candidats à l’élection présidentielle dans cette charte. Leur rôle ne devrait pas dépasser la mise en œuvre des orientations indiquées par l’état-major.

Donc, pas de changement de système de pouvoir en perspective de ces élections présidentielles que l’état-major voudrait imposer au peuple, malgré l’insistance de ce dernier de vouloir en finir avec l’Etat militaire et de réaliser la transition vers un Etat civil.

Aveuglé par son expérience, qui a réussi à reconduire son système de pouvoir pendant deux décennies, après l’éviction du président élu par le peuple, Liamine Zeroual, quoi que l’on dise que c’était Abdelaziz Bouteflika qui était réellement aux commandes, l’état-major n’entend toujours pas céder le pouvoir aux civils et compte user de cette stratégie du coup de force à peine déguisée, qui lui a servi autant de fois de faire-valoir pour tromper l’opinion et imposer encore une fois un président serviable et corvéable.

Son aveuglement est tel qu’il ne se rend même pas compte que des millions d’Algériens ont acquis la maturité politique suffisante pour lui contester son hégémonie sur la société et exiger que leur souveraineté législatrice leur soit restituée intégralement. En effet, des millions d’Algériens sont sortis des universités depuis des décennies pour gonfler les rangs des chômeurs ou des emplois précaires sans relation avec leur formation universitaire faute de développement. Des millions d’autres qui ont été exclus de toute vie sociale et économique, y compris du système éducatif. Une génération entière d’Algériens laissée pour compte et qui s’est soulevée en masse pour prendre son destin en main et de décider de l’orientation du développement de son pays correspondant à ses attentes. Qu’aucune proposition de panel pour un quelconque dialogue avec les responsables de sa marginalisation et de son exclusion ne pourra entamer son incrédulité et son scepticisme en la bonne foi du système. Rien ne pourra désormais venir consoler son désarroi et venir à bout de sa détresse que le changement radical du système de pouvoir qui l’a enterrée vivante. Sa détermination à en finir avec la reconduction du système de pouvoir responsable de tous ses malheurs est à l’image de la foule compacte qui occupe les places et les rues de toutes les villes du pays, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, de mardi à mardi, de vendredi à vendredi, depuis six mois maintenant.

Dans ces conditions, l’Etat militaire est réduit à dialoguer avec lui-même, en espérant réaliser cyniquement un énième coup de force à moindre frais, comme de coutume, sans savoir qu’il est en train de jouer sa dernière carte devant l’avènement inéluctable d’un Etat civil.

Y. B.

 

Comment (16)

    Karim
    19 août 2019 - 23 h 14 min

    Etat militaire ou état civil, quelle est vraiment la différence?
    Penser que les civiles sont mieux à même de diriger le pays est assez utopique dans un pays bordée par des voisins qui ne seront jamais stable tant que le système économique, financier et commercial mondial est ce qu’il est.
    Penser que les civiles feront de nous, le modèle que la TV nous inculque depuis environ 1985 et l’apparition de la parabole dans nos foyers est d’une naïveté inquiétante,
    Penser que les civiles feront de notre société, l’exemple que internet nous gave depuis qu’il s’est mis à coucher dans nos lits est d’une immaturité dérangeante,
    Penser que les civiles, chez nous, réussiront là où plein d’autres civiles ont échoué ailleurs est enfantin.
    Bref, celle ou celui qui me donnera des exemples concrets à suivre, me ravira.
    La question n’est ni civile ni militaire, elle est existentielle et toute la problématique s’y trouve.

    Youcef Benzatat
    19 août 2019 - 22 h 17 min

    Ne sous estimer surtout pas la dignité du peuple qu’il manifeste depuis le 22 février, elle est entrain de le pousser lui aussi à devenir un H’mida en puissance…

      Zaatar
      20 août 2019 - 5 h 31 min

      Cela donne à déduire qu’il y a deux H’mida en puissance dont l’un détient un ou deux atouts de plus que l’autre, et qui n’hésitera pas à tout brûler s’il venait à se voir perdre la partie. Et la on entre dans un autre domaine d’explications et de justifications, car il s’agit de la nature humaine. Et pour la faire évoluer, il faut du temps, comme dans les exemples que l’on a s’agissant des grandes démocraties de ce monde. Il a fallu payer un tribut pour cela, eh bien nous aussi on y échappera pas.

    Zaatar
    19 août 2019 - 18 h 25 min

    L’état militaire joue sa dernière carte…il faudrait aussi préciser de quel jeu il s’agit. Car si c’est à la belote ou à la coinche l’état militaire joue la vingt, si c’est au tarot, c’est la vingt et un, et enfin si c’est randa ou petit paquet, ne jamais oublier que l’état c’est H’mida.

    Felfel Har
    19 août 2019 - 14 h 56 min

    On cherche encore à nous enfariner. Quand bien même un candidat potentiel aura signé la fameuse charte, qu’est-ce qui l’empêchera de tourner sa veste et renier sa parole plus tard, après son élection, puisque l’EM le soutiendra dans son infâmie et le protègera?
    Ceux qui avaient usurpé le pouvoir en 1962, 1965, 1980, 1988, 1999, n’avaient-ils pas promis de le remettre aux civils ? Je suis persuadé que le pantin qui sortira des urnes ne s’attellera jamais à mettre en oeuvre les réformes attendues et revendiquées par le peuple depuis un certain 22 février. Il ne mordra pas la main qui l’a intrônisé, il obéira au doigt et à l’oeil.
    Décidément, ce panel ressemble de plus en plus à une caisse de résonnance de la 3aciba qu’à une instance de concertation ou de dialogue, puisqu’il s’aligne aveuglément sur les ordres du nouveau dictateur, en tournant le dos au peuple. Les déclarations de ses ténors, Younès et Belhimer, confirment leur alignement sur les lubies de GS, voire leur soumission. Panel ou panier de vipères
    PS: Les personnaliés que l’on nous présente comme sages, se sont-elles un jour exprimées sur les abus de Bouteflika et son clan quand ils pillaient le pays? Depuis le début de la contestation, se sont-elles solidarisées avec le Hirak?

      Aller à l'élection sans amender la Constitution est suicidaire
      19 août 2019 - 18 h 51 min

      Monsieur @Felfel Har , je suis d’accord avec vous que cette histoire de « charte » est de l’enfumage encore une fois ! Il faut savoir que si on fait d’amendements à la Constitution de 2016 avant la présidentielle, le président qui sera élu peut refuser, aidé et conforté par l’Etat Major de Gaid Salah, d’engager une transition et il le pourra car la Constitution de 2016 donne des pouvoirs exorbitants au Président !

      Comme il a été élu il pourra jouer sur cette « légitimité populaire » pour dire que ce n’est pas le moment d’aller à la transition et on va revenir à la situation de Bouteflika !

    yacine
    19 août 2019 - 12 h 00 min

    Amis et compatriotes !
    Septembre arrive et il faut discuter entre nous comment preparer une greve generale qui fera crever definitivement cette junte militaire agonisante .
    Il faudra laisser en fonction toute la chaine alimentaire ainsi que la protection sanitaire .
    Pour le reste , on ferme tout et surtout l’export des hydraucarbures !
    La victoire et l’independance sont aux bouts des doigts .

    En 1962 j’etais un enfant de 10 ans . Je me souviens du 05 Juillet 1962 a midi exactement , enfants et adultes ; femmes et hommes sont sortis pour crier a plein poumons  » EL’ HOURIYA , JEBNA El’HOURIYA ».
    C’etait des paroles magiques qui sortaient de nos etres ; EL’ HOURIYA !
    57 ans apres , le constat est amer . Nous n’avons jamais connu la liberte dans notre propre pays .
    La Coree du sud qui etait plus pauvre que nous a realise des miracles . La cette pourriture militaire qui nous dicte ses lios en usant et abusant de la force , la repression ,de la carotte et du baton , de la corruption a enmener l’algerie dans le desarroi avec une jeunesse sans avenir .

    Cette fois et pour nos petits enfants , nous ne lacherons rien ! S’il faut mourir et bien « MARHBA »!
    Ce sera le dernier combat d’une vie pour les personnes de ma genereration .Apres nous pourrons nous en aller la en paix et la conscience apaisee .

      Anonyme
      19 août 2019 - 14 h 15 min

      J’ai presque le même âge que vous( je suis né en novembre 1954!), et je ressens au plus profond de moi, exactement tout ce que vous relatez. Je vous en remercie! La déception est incommensurablement grande pour cette génération qui ne s’attendait aucunement à ce que des algériens puissent faire de ce pays ce qu’il est maintenant.

    Anonyme
    19 août 2019 - 10 h 46 min

    ON ENTEND LES CLOCHES SONNÉES LE GLAS POUR LES DERNIÈRES POCHES DE RÉSIDUS

    57
    19 août 2019 - 10 h 35 min

    la bête acculée sort le bout de se griffes ,,,
    ils n on d autres choix que les coups bas les fourberies les perfidies les sournoiseries les tromperie les menaces le chantage et autres abus ,,,et au bout la fuite ou les fusils

    Vroum Vroum ????..
    19 août 2019 - 8 h 38 min

    En fait tout cette mise en scène d’opération Anti Corruption à sevie à mettre en Prison une sélection bien choisi de Corrompus pour endormir le Peuple , alors que d’autres Corompus Tliba , Saadani et d’autres dont les Fils de Gaid Sallah ou des Corompus du Clan qui c’est accaparé le Pouvoir proche de Gaid Sallah qui pour être les Seul ont mis en Prison ceux qui pourraient être leurs adversaires politiques le Candidat Ali Ghediri , Le Moudjahidin Commandant de la Wilaya 4 ALN très âgé..poursuite contre Le Général et ex Chef d’État Major et ex Ministre de la Défense Mr Nezzar quitte à le « Donner » à l’ennemi…Une Grosse Mise en scène du Clan Gaid Sallah qui sont seul maintenant et prêt à retourner le Pays , pour assouvir leur soif de Pouvoir et privilèges.. Gaid ne serait que le porte parole du nouveau Clan aussi propre que les Hadad et Kouninef , bientôt Gaid Sallah Vice Président , Tliba premier ministre et Saadani ministre de l’immobilier… Le temps presse , ce nouveau Clan veut s’assoir sur le Peuple , oui ça saute aux yeux maintenant , en tout les cas il auront jamais mon vote qui était destiné au Candidat Ali Ghediri que le Clan Gaid Sallah a mis en Prison , un Prisonnier d’opinion.. Qu’ils mangent l’Algérie si « ils » veulent , ce nouveau Clan de prédateurs .

    Brahms
    19 août 2019 - 8 h 00 min

    La mission d’un militaire ou d’un gradé consiste à veiller à la sécurité du pays ainsi que des biens et des personnes. C’est tout et point final.

    ABOU NOUASS
    19 août 2019 - 7 h 24 min

    Tout est dit dans votre analyse Mr Benzatat, mais restons vigilants et déterminés à en finir avec ce pouvoir agonisant , pourri, indigne à tous niveaux et rapace sans commune mesure.

    Tous ces minables incultes qui nous ont gouverné doivent déguerpir ainsi que ces autres aigrefins qui
    gravitent autour.

    La récréation est terminée, il est temps de passer aux choses sérieuses en commençant par un coup de karcher dans toutes les institutions de la base au sommet.

    Gaid salah doit préparer ses clics et clacs pour El Harrach.

      Anonyme
      19 août 2019 - 11 h 26 min

      Dans tes rêves les plus profonds…et uniquement dans tes rêves. Boumedienne savait comment vous traiter…

      Anonyme
      20 août 2019 - 12 h 28 min

      Il (GS) doit se préparer à l’exil au mieux, chez ses maitres émiratis, ou prendre la direction de la prison pour haute trahison, corruption, pillage du pays, soutien à un clan mafieux d’Oujda au détriment des intérêts suprêmes du pays.

    ALIVISION
    19 août 2019 - 4 h 56 min

    Nos dirigeants corrompus essaient de changer les hommes mais pas le système mafieux;nous voulons une autre Algérie basée sur la compétence et le savoir faire,ou nos vieillards prennent leur retraite a soixante ans;et pas a cent ans voir plus,nous sommes les plus corrompus ou monde;les moins développé;les plus pileurs de richesses du pays,les plus traitre de la planète,tout ça,a cause de nos faux Moudjahid endoctrinés par l’ex occupant et l’amour de Paris la capitale des traitres et des corrompus

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